Dans Les Evangiles un dangereux (?) révolutionnaire (?) nommé « Jésus » (comme tant d’autres d’ailleurs à l’époque) narre cette histoire (Les ouvriers de la onzième heure) à propos d’un cultivateur qui donna aux ouvriers venus terminer l’ouvrage de la journée (ce qui devait sans doute l’arranger vu le retard pris par les autres ) la même somme d’argent qu’à ceux qui avaient travaillé dans son domaine depuis le matin. La morale à en tirer était à l’évidence que le mérite n’est pas tout, que ce n’est pas la seule mesure de la valeur entre les humains. Il est une autre valeur : le seul fait d’être humain.
Ce qui impliquerait qu’il existerait une énorme différence entre égalité, égalité de droits, équité, justesse, justice … et que le « mérite » n’est pas (ne doit jamais être) la seule et unique mesure des valeurs entre les humains.
Pourquoi, invoquant ce sacro-saint concept de « mérite », vouer l’allocation universelle aux gémonies et ne pas s’insurger contre les ahurissantes disproportions de revenus entre ceux qui s’usent jusqu’au sang et ceux qui s’enrichissent à les regarder faire. De quel mérite parle-t-on ? Où est l’injustice, l’inéquité, l’inégalité ? Le véhément rejet de l’allocation universelle (si timidement proposée par M.Hamon) est très symptomatique de cette fièrotte culture poujadiste de l’aigreur et de la jalousie. Vive la France !
A qui profite la guerre ? Comment une guerre peut-elle donc être qualifiée de « SAINTE » (croisades ou autres diverses djihad de toutes les couleurs) ?
Qu’est-ce qui peut s’autoproclamer « saint » en ce bas monde? Tout croyant un tantinet cohérent, sain d’esprit donc modeste, voire humble ne peut prétendre se gratifier lui-même ou ce qu’il engendre de « saint » !
Nous sommes entrés dans l’ère de la confusion.
Entendons-nous bien : confusion n’est pas désordre, bien au contraire la confusion est ordre. Et quel ordre, inflexible, invisible, innommable, irrepérable (du moins vise-t-il à l’être).
Jamais identifiable, toujours ailleurs et partout insaisissable. Sauf par inadvertance. Alors soyons inadvertants et sachons simuler l’indifférence, ou mieux l’acceptation de ses stratagèmes pour la voir en action et la surprendre en flagrant délit.
Tout ce qui, un temps, a pu paraître net, intolérablement précis et contraignant même parfois, paraît, dit-on aujourd’hui comme « brouillé ».
Pourtant on n’a jamais tant parlé, tant expliqué, tant communiqué à propos de tout, partout. C’est vrai.
C’est précisément là un des aspects de la confusion car, à force de tout embrasser systématiquement, tout finit par se valoir.
Au moins en termes d’intensité d’intérêt médiatique.
Mais l’intérêt médiatique ne se substitue-t-il pas à la valeur intrinsèque des objets ou des faits qui nous entourent ?
Il est bien plaisant de constater que l’on fait usage de détecteurs de pollution (gaz et particules spécifiques) pour identifier dans le cosmos celles des exoplanètes qui seraient porteuses d’êtres « intelligents ».
Paradoxal non ? Et assez contradictoire avec les belles et édifiantes leçons dont on nous abreuve jour après jour nous invitant à consommer avec intelligence, à utiliser l’énergie avec intelligence … ce qui sous entend que nous sommes peu intelligents ! Certes.
De là à postuler que les extra-terrestres « intelligents » produiront assez de polluants pour être détectés à l’autre bout du cosmos …
Si ils polluent c’est qu’ils ne sont que très très moyennement intelligents – de simples esprits techniques et inventifs en somme.
Confusion et paradoxe ? Greenpeace souligne les « failles de sécurité » dans la protection des sites. Les autorités en charge des centrales nucléaires remercieront Greenpeace d’avoir oeuvré gratuitement pour étayer le dossier d’un reforcement des moyens alloués à la protection des périmètres. On n’imaginait pas l’organisation militante verte faire un tel cadeau à son ennemi, ou supposé tel !
Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.
Nous sommes entrés dans l’ère de la confusion. Entendons-nous bien : confusion n’est pas désordre, bien au contraire la confusion est ordre. Et quel ordre, inflexible, invisible, innommable, irrepérable (du moins vise-t-il à l’être). Jamais identifiable, toujours ailleurs et partout insaisissable. Sauf par inadvertance. Alors soyons inadvertants et sachons simuler l’indifférence, ou mieux l’acceptation de ses stratagèmes pour la voir en action et la surprendre en flagrant délit.
0 – Confusion agressive :
La confusion quand elle n’est pas le fait de l’erreur ou de l’oubli d’un seul être est toujours, et ce, sans équivoque la machination ourdie par une élite pour nuire au plus grand nombre et à son seul profit. Apprenons à en reconnaître les signes.
1 – Idoles, brumes et mythes :
Notre [...]
Nos valeurs imaginaires
Idolâtries et mimétismes
Au programme de notre galerie des horreurs : deux catégories de monstres, ceux que l’on idolâtre et ceux que l’on devient par servilité mimétique, par identification niaise ou forcenée à des modèles (…)
Confusion, certitudes éclatées, vérités imaginaires
Nous sommes entrés dans l’ère de …
A force de faire commerce de tout, l’objet n’a plus d’importance. C’est le spectacle de la vente qui compte. Spectacle, vitrine et mise en scène de la convoitise. Dire vaut plus que « valoir ». Convoiter vaut mieux que posséder. De la lutte que se livrent depuis déjà de nombreuses décennies argent et autorité politique c’est l’imaginaire de la marchandise, autrement dît le paraître et son négoce : le « spectacle » qui sont sortis vainqueurs. Trouvez donc ce qui, autour de nous n’est pas sous une forme ou une autre parfaitement marchandisable!
Qui aurait cru que la Nature pût devenir un objet de mode ? Dès que l’humain, mieux protégé, pour un temps, au fond de villes et cités où il n’avait plus tant à craindre les loups et le froid que les rats et ses semblables, Rousseau et ses épigones inventèrent une bien aimable Nature revisitée mise au service de toutes les absences, fétichismes du vide et utopies.
L’écologie, naguère encore, facette de la science, tenait un discours rationnel. Depuis, elle est comme « entrée en religion » et comme l’Eglise autrefois, est également entrée en politique. Naissait alors l’écolâtrie, hélas plus soucieuse d’imprécations et de pouvoir que des fiantes industrielles. Apparut ainsi un nouveau naturalisme pervers feignant la nostalgie : voyez la volupté « puritaine » qui anime ceux qui jubilent dans leur rôle d’imprécateurs, de culpabilisateurs : les chantres, grands-prêtres et verts gourous de l’Ecolâtrie. Mais …
Tout de même, par-delà leur exécrable (et pathétique) jubilation … ont-ils vraiment tort sur le fond ?
Ce serait bien agaçant qu’il n’aient pas tort du tout ces imprécateurs-là ! Et qu’ainsi ils nuisent considérablement à une cause des plus justes.
Tout devrait nous inspirer de l’enthousiasme, voire de la ferveur en ces domaines… et pourtant, d’aucuns, non sans raison, semble-t-il insistent pour que nous montrions plus que de la vigilance. Quels sont les enjeux et qu’est-ce qui, en matière de technologies de l’information et de la communication (TIC), commande la vigilance voire la défiance ? Résister au progrès ? Vous n’y songez pas. Alors comment se tenir à égale distance des enthousiasmes naïfs ou marchands et du dénigrement diabolisant ?
Les TIC concernent toutes les organisations humaines de par l’outil de diffusion, de circulation de l’information et de prosélytisme militant qu’elles peuvent constituer. C’est pourquoi elles ne laissent aucun groupe, chapelle ou faction indifférent. Elles peuvent contribuer à l’organisation, ou, par le biais des forums, représenter un lieu de débat, de « discussion ». Tout ceci est évident, mais la chose est-elle sans risque et sans coût, sans contrepartie aucune? Quel prix, quels risques, quels renoncements, quelles garanties ? Incontestablement, ces techniques présentent des aspects très positifs, mais cela suffit-il à en justifier l’emballement ?
René Girard montre par ses analyses au long cours à quel point les groupes humains sont contraints de se ressourcer régulièrement dans une pureté originelle. C’est ce qui les conduit à élaborer des rituels expiatoires pendant lesquels ils immolent ou bannissent des « boucs émissaires » qui focalisent sur eux tous les péchés du groupe, toutes ses dissensions. Contre le bouc-émissaire et grâce à lui le groupe se refédère, pour un temps au moins.
La pureté est la référence à une nature perdue par le groupe mais que sa foi en l’expiation déléguée permet de retrouver. En amont de la dite propension cyclique qui justifie le rituel nul ne s’interroge sur la nature, le « contenu » du concept « pureté ». Pas plus aujourd’hui qu’hier.
Traduction contemporaine de cet antique rituel : on adore, on idolâtre des héros du sport, de la politique, des médias, du spectacle (peu importe) puis, au-delà de leur gloire extrême on les porte au paroxysme de la publicité, non plus du fait de leur talent mais du fait d’un scandale qui soudain les fait passer de la gloire absolue au déshonneur absolu, à la seconde même où leur notoriété était au pinacle. Décidément, la roche Tarpeïenne est vraiment toujours aussi proche du Capitole que dans la Rome antique.
Objet d’idolâtrie numéro un : notre corps… notre corps éternellement sain et jeune et beau. Mais en fait, pas notre corps, mais mon corps. Ce n’est plus tellement le corps de l’autre qui compte et sur lequel s’ancreraient toute notre érotique, non ce qui importe, plus égoïstement, c’est le nôtre propre. Là est sans doute la grande mutation.
Que d’argent et de temps et de force et de courage nous mettons à bronzer, enduire, bouger, muscler, désengourdir, dégraisser, découenner, ce corps qui vieillit dès l’âge de vingt ans quand ce n’est pas avant (trop souvent sous l’influence des drogues dures ou douces, acides ou sucrées, avec ou sans alcool, inoculées ou inspirées)… seule une batterie d’artefacts et d’artifices peut lui donner la force, la pureté, la beauté de la … « nature ». Paradoxe ?
RE- devenez « naturels » ! Soyez « purs », volià le nouveau catharisme : pas plus « in » que la pureté d’un corps irréversiblement attiré vers son déclin que pourtant « je ne saurais voir » : moi et moi, indéfectiblement unis pour le miroir et pour le pire. Drame de la solitude si profondément « sociale » de cette loi du paraître que nous inflige la société des réseaux eux-aussi prétendument « sociaux ».
Le pouvoir, la politique et le monde de l’art ont tout au long de l’histoire connu de nombreuses convergences à défaut d’une longue histoire d’amour. Ce n’est que récemment (fin du XXème siècle) que la confusion organisée de main de maître est parvenue à gommer les frontières non seulement entre les avenues et les goûts du pouvoir mais aussi entre l’art et ce qui n’en est pas – ce dans quoi il faut inscrire la « marchandise ».
Comment miser ? Présent ou patrimoine ? C’est tout un programme de travail qui semble s’imposer à notre génération quand on constate l’opposition des deux clans qui s’affrontent tant dans la presse spécialisée que dans les couloirs des ministères : les adorateurs du patrimoine (sur l’air de « ah c’était le bon temps mais tout fout le camp ») et les adulateurs d’un présent hyper-post-moderniste porteur des lendemains qui chantent (sur l’air de « miroir mon beau miroir, nous n’avons jamais été aussi beaux et intelligents »).
On sait ce que l’on peut faire dire au passé. On l’a vu être mis au service d’innombrables enjeux contemporains, des plus futiles ou frivoles aux plus sérieux ou rentables, des plus innocents aux plus machiavéliques (manipulations identitaires, tribales, claniques, indépendantistes, universalistes, populistes… ). L’industrie des legs du passé ou celle de son dénigrement est vite devenue une nouvelle filière économique. Une chose est sûre, cependant, elle n’aura jamais les moyens de l’innocence dont elle entend se parer.
La science est devenue insensiblement un objet de mode. Il ne faut pas entendre par là qu’elle a eu des emballements puis des ralentissements, qu’elle a connu des culs-de-sac et des retournements multiples. Il ne s’agit pas de ces « modes » qu’elle aurait pu engendrer en son sein c’est-à -dire parmi ceux qui Å“uvrent pour l’enrichir. Non, ce qu’il faut entendre ici par « mode » tient au fait que d’objet d’admiration puis d’adulation la « Science » a suscité des conformismes de façade ; or que voulez-vous que soit un conformisme en matière de science sinon un conformisme d’expression, de discours, de vocables, de tout ce qui, sortant de son emploi et de sa destination (qui est en principe toute de rigueur) devient vite de simples tics de langage, quasiment dépourvus de contenu, de sens.
Travail trouve son origine dans le latin trepalium qui était un outil de torture … la chose n’appelle guère d’autre commentaire que « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front « . De cette incontournable torture répondant à la contrainte « naturelle » du « bosse ou crève », l’humain est passé, poussé par le goût du profit (que font ses employeurs) puis par peur de l’ennui d’être face à face avec soi-même à l’adoration de la torture qu’il subit et, partant, des tortionnaires qui la lui infligent. Véritable victime du syndrome de Stockholm, l’humain en est venu à pervertir son instinct de conservation au point de diviniser son épuisement et l’exploitation de sa propre et périssable personne.
C’est confusion que de croire le non-droit est strictement opposé au droit. Confusion non fortuite, confusion qui profite à qui impose un ordre qu’il nomme désordre. Car le non-droit et le droit sont assis sur les mêmes bases : ils revendiquent l’un et l’autre une « légitimité ». Qu’est-ce que la légitimité sinon le droit pour le droit d’être le droit ? C’est ce qui fonde le droit ? Mais comment ? Il est une illusion qui consiste à croire à un fondement du droit qui serait situé quelque part au-delà , de manière extérieure, hétéronome, en amont du consensus.