Expression : Pérenne.
Observer, dans cet âge à l’hallucinante fugacité, où les choses réputées solides et durables s’envolent comme fétus, délaissées par la frivolité des contemporains, l’usage qui est fait de ce vocable jadis si lourd de sens qu’il en était effrayant : « pérenne ».
« Pérennité » nous écrasait du haut de son angoissante éternité. Aujourd’hui on entend ces vocables employés à tout propos, à longueur de journée radiophonique pour désigner des objets dont la durée de « vie » n’excédera pas quelques mois voire quelques semaines. « Pérenne » ne signifie plus désormais qu’une des allures de l’éphémère.
Sans doute, et c’est une signe, l’imaginaire de ceux de nos contemporains qui se sont érigés en détenteurs des discours, ne parvient-il plus à envisager une éternité plus durable que cette minuscule échelle qu’ils imposent à leur auditoire et qui convient à leur étroitesse.