Vivre avec les … ou vivre des représentations

Un constat doit être fait :
L’homme a longtemps vécu avec peu de représentations.
Puis longtemps encore, mais un peu moins, il vécut avec bon nombre de représentations (Pour l’occident : Moyen Age et Renaissance).
On assiste ensuite  à une première mutation de la valeur :
Au cours de laquelle le capital (image mobile s’il en fût) se substitue à la terre, à l’aristocratie terrienne et pas encore (en France) industrielle (début XIX°). Le capital devient la représentation de la « grandeur » … du pouvoir … de la possession des « moyens d’agir » de l’autorité.
Ainsi l’humain (occidental surtout) a vécu (période encore plus courte) grâce à des représentations (spectacle imposé et valeur « titrée »)
Enfin, il semblerait qu’au XXI° il soit non plus convié à, ni même tenu de, vivre ses représentations …
… mais qu’il soit condamné à ne plus être conscient que ce qu’il vit n’est que représentations !
… condamné à n’être que ses représentations.
Pire : à n’être plus que les représentations de lui-même c’est-à-dire son image dans la conscience des autres !
Pure marchandise, finalement.
De là, et simplement à titre d’exemple la déplorable identification qui s’est produite dans la tête de tant de « cadres » malheureux lavés du cerveau comme tant d’entre nous, entre « emploi » et « identité » menant dès lors bien évidement au suicide par perte d’emploi !

La mutation (étape par étape) fut la suivante :

Du droit par la naissance on passe
au droit (rang) par le mérite
(pas si différent du droit ou de la légitimité barbare par acclamation)

Les Nouveaux regards entraînent de nouvelles idéologies
Naissent alors de nouveaux espoirs
espoirs de de dériver des avantages (luttes sociales)
et … d’oser désespérer avant que d’oser espérer à nouveau !
et in fine espoir de modifier les structures (luttes révolutionnaires radicales)
Ainsi en réaction contre les pratiques inégalitaires et inéquitables) … naît le concept théorique de la « lutte des classes » (dont Anselm Jappe rappelle fort à propos qu’elle est un élément strictement interne au capitalisme ; tout comme nombre des aspects du marxisme)

En parallèle :

Un nouveau contexte technologique

permet la surinformation
l’illusion de l’accès au savoir (école publique)
de parfaire son image du réel
et d’en tirer des idées de projet
quand ce n’est pas déjà un des supports – stratagèmes de la crétinisation (par la compétition, la consommation, le conformisme aux modes et fétichismes, résignation aux notions et concepts de la seule pensée quantitative).
Mais observer que ce nouveau contexte technologique conduit à désirer repenser les structures …
et à oser perdre espoir.
Perdre espoir au point de se révolter
ou à défaut d’ORGANISER la révolution.
Ce qui converge avec d’autres mécanismes évoqués plus tôt dont les luttes intestines au sein de la classe élite, classe politique.

Séduction

Plus récemment … fin XX° et début XXI°
la lutte ou la rivalité a cédé la place à l’ère de la séduction
ou de la manipulation  : ère du spectacle, de la séduction, du divertissement.
Règne aussi de la diversion politique.
Diversion obtenue par l’entreprise (apolitique en apparence – puisqu’elle n’est « que » commerciale donc « laïque ») de crétinisation (ou d’infantilisation, elle, parfaitement maîtrisée par les publicitaires non dupes, eux, parfaitement conscients bien évidemment).
De la marchandise spectacle à la politique spectacle nous parvenons à la politique marchandise.
Et cela est fort intéressant car cela rend la politique particulièrement vulnérable, frivole, people, volatile …
et dans le même temps force est de constater que la dite démarche est loin d’être « laïque », justement, elle est totalement religieuse : elle procède de la sidération devant le sacré – le commerce était hier encore, de toutes les religions, LA religion, l’accès aux « espèces » du sacré : la « marchandise »… sachant qu’eujourd’hui le sacré s’est encore annexé une ultime dimension : la finance. On ne dit plus « Grand Prêtre » on dit « Trader » (voyez le publicité sur internet qui vous invite à le devenir : des thèses pourraient être entreprises sur les formes de cette nouvelle imagerie).