Nouvelle étape : la dé-représentation … ou l’ablation du désespoir
Des espoirs sont nés dans le sillage des progrès techniques, politiques, des idéologies prometteuses …
Puis des déceptions (les idéologies ont été mises au service des élites et dressées contre l’homme, contre la personne, vomissant l’individuel, et ce de toutes parts et sur tous les horizons, sous toutes les latitudes).
Peu à peu, accompagnant (ou provoquant ?) le dit mouvement, la désinformation – je devrais dire la dé-représentation s’est installée puis perfectionnée :
Il s’agit là d’aspects innombrables que l’on peut bien entendu ordonner selon le cas et la recherche que l’on désire mener.
La finalité constante de ces dé-représentations demeure de dissimuler :
la violence sous-jacente
et le fait que la cupidité est devenue LA vertu cardinale
… avec le corollaire (Cf. G. Orwell, B. Bégout et J.-C. Michéa) de la « guerre de tous contre tous », guerre certes mais menée sous des dehors bien léchés tels que
la compétition universalisée qui fera office de décence, de fraternité, de civisme.
la marchandisation de toute forme de relations … et son corollaire de haine et de mépris pour les pensées, les analyses, les pratiques « alternatives » … ou pour la simple personne individuelle, celle qui commet le péché impardonnable qui consiste à penser toute seule !
Mais – le temps passant, nous l’évoquions ci-dessus – la multiplication des produits et la facilitation de l’effort humain par les techniques a donné l’espoir d’une amélioration du niveau / ou de la qualité de vie.
Pourtant, vain espoir pour les modestes qui, victimes de mille et une formes de séduction, ont perdu la conscience de leur situation et (j’anticipe à peine) se sont vu (c’est le cas tous les jours sous nos yeux) leur être refusé l’accès au désespoir.
Car la résignation que les élites obtiennent par la mise en oeuvre de programmes d’infantilisation-crétinisation engendre une illusion de bonheur et de satiété qui confisque le désespoir : le malheur ou la détresse sont déplacés et dé-représentés.
Dé-représenter n’est pas gommer. Ce n’est pas cesser de représenter comme les médicaments qui sont « dé-remboursés ».
Dé-représenter consiste à représenter autrement, ailleurs, dans un contexte faux, rendant l’analyse de la situation d’occurrence totalement inacessible. La déreprésentation change la grille de lecture et les affects qui vont avec.
J’en prendrai pour exemple la mode audiovisuelle ou journalistique et sa fervente délectation des spectacles de la détresse humaine. Ô combien marchands et politiquement corrects sont les représentations de l’horreur, de la souffrance, de la misère, de l’injustice sociale dans le pays exotico-émergeants.
La crétinisation connaît également d’autres formes, elle engendre une illusion de savoir … mais ne donne jamais en fait accès au plan de réflexion qui pointerait les enjeux et usages faits du dit savoir :
Ainsi le technicien, c’est flagrant, n’est pas philosophe, tant s’en faut, pas même politiquement éveillé … il somnole béatement dans son attente d’augmentation et la confortable maîtrise de son exiguë spécialité…
Spécialité rendue exiguë de manière parfaitement délibérée (elle est définie de main de maître par un programme d’aliénation par le biais de la course à la maîtrise des évolutions hyper-rapides et constantes d’un savoir pointu) – soûlé par la quête de performance le spécialiste est étymologiquement un abruti :
d’où la surabondance de tapageurs spécialistes analphabètes dans nos sociétés… juste assez de culture tape-à -l’oeil pour s’esbrouffer entre « gens du même milieu ».