La crise de …Â allons donc
Philippe DAGEN entre autres critiques et esthètes s’est interrogé, il y a de cela quelque temps déjà , sur ce qui , à mes yeux , est un des traits de notre siècle :
ce que l’on nomme « malaise de l’art » ou « crise de l’art » … n’est-elle pas plutôt la crise, dit-il, du discours sur l’art et non celle de la création ou celle de la créativité.
En clair, selon moi et en changeant à peine la grille de lecture, sommes-nous encore à débattre de… ou à nous battre avec… la réalité des choses, avec les phénomènes (ou les « eidos ») happés à partir du réel ?
… ou bien ne sommes-nous déjà plus que des manipulateurs de discours et de représentations – et rien d’autre ? Irrémédiablement coupés des entités (dont nous-mêmes fais(i)ons partie) celles dont nous prétendons parler.
C’est certainement là un des corollaires de la spectacularisation du monde et surtout de la mutation des liens qui jusque vers le milieu du XX° formaient l’essentiel des caractéristiques de la société.
Contre-sens commmis sur la notion de société du spectacle :
Ce n’est pas un rejet de l’image ou même de son rôle …
ce n’est pas un grief contre les mythes en tant que tels mais contre leur « transparence »Â plutôt.
C’est la dénonciation d’une société oùle réel n’est plus jamais accessible …
et ce jusqu’à soi-même AUTREMENT que représenté
en imagerie et spectacularisation
(Cf Brecht et la distanciation qui devait ramener la conscience du lecteur à la salle, au réel, à lui-même)
La distortion ainsi entreprise par chacun et tous engendre des déplacements de ce qui se donne à percevoir … des dé-représentations.
C’est là que peut intervenir la lutte : en jouant sur les déreprésentations en dé-représentant celles-ci pour rerouver l’authenticité de l’être
La remise en cause de la valeur :
La valeur comme non-image » du lien social, comme non-image des objets comme abstraction de la marchandise dé-liée à la fois de l’échange et du travail qui l’a produite.
La seule échappée passe par la dissociation du continuum (que, à la fois, les marxismes et le capitalisme – même néo-libéral) n’ont fait qu’entretenir :
activité / travail / emploi / poste / grade / qualification / salaire
Il en existe différentes approches dont celle de Bernard FRIOT excellente (professeur à Paris X)
ou celles d’un Anselm JAPPE (au sein du groupe KRISIS :Â Lire le Manifeste contre le travail)
ou plus largement les travaux sur la « Wertkritik » (Moishe Postone, le « Chicago Political Workshop », « Principia Dialectica » de Londres, les groupes allemands et autrichiens Krisis, Exit, Streifzüge, 180°, avec Roswitha Scholz, Norbert Trenkle, Robert Kurz, Anselm Jappe, Gérard Briche, Ernst Lohoff, sans oublier ce qu’avait apporté Jean-Marie Vincent…)
ou encore (mais c’est un peu plus confus et surtout nettement moins bien écrit) ce coup de projecteur qui se serait voulu incisif sur les sphères du travail (troisième chapitre ou « troisième cercle ») d’un certain Comité invisible dans son célèbre opus L’insurrection qui vient.