En marge des autres axes de réflexion qui nous sont ici proposés nous sommes invités à réfléchir à ces « difficultés intéressantes » auxquelles sont confrontés les choix de société. Quelques exemples :
- Qu’est une société de justice et de justesse (ni big society ni totalitarisme du bien collectif)
- Que faire des deux visages du « libéralisme », de cette « double pensée » (Michéa), du « néo-capitalisme » de gauche et de droite ?
- Que penser de l’allocation universelle ?
- Comment repenser un système de santé qui ne serait pas faussement égalitaire ?
- Comment dépasser la fascination qu’éprouvent les intellectuels pour les puissants ?
Une société juste
Penser une société de justice et de justesse (ni big society ni totalitarisme du bien collectif)
Ruse que cette pernicieuse alternative : La Big Society des Tories de Mr Cameron voit l’Etat se désengager totalement de tous ses devoirs et privatiser jusques et y compris ses fonctions régaliennes. S’engouffre bien dans ce paysage les tenants du dogme européen de la concurrence à tout prix qui, nous ne le savons que trop bien, avec son cortège d’ententes illicites mais bien réelles, ne profite jamais au consommateur. La cerise sur le gâteau est l’absence totale – voire le refus explicite – d’une politique sociale d’ensemble, de politique générale du « bien commun ».
L’autre terme de la dite alternative confine, pour sa part, bien trop souvent au totalitarisme sous un masque plus ou moins paternaliste, dans tous les cas la sphère privée s’y retrouve gommée, stigmatisée. Bienveillance étouffante et menaçante à la fois des Big Brothers qui nous veulent tant de bien, qui insistent pour « faire notre bonheur » malgré nous, ou bien totalitarisme tyrannique des élites puritaines ou intégristes des appareils politiques.
N’y aurait-il donc aucun espoir de parvenir à situer une formule intermédiaire entre ces deux excès ? Un formule intermédiaire qui ne serait pas sans cesse tentée par une dérive vers tel ou tel des deux bords ?
Une gauche de droite et une droite de droite
Que faire des deux visages du « libéralisme » (de cette « double pensée » ‘Michéa), du « néo-capitalisme » de gauche et de droite ?
Que faire d’une gauche profondément capitaliste et dont les ténors sont impliqués dans la direction des affaires mondiales de la finance (DSK et P.Lamy) ?
Comment montrer à la gauche que c’est elle qui doit être conservatrice des valeurs éthiques et des acquis de luttes sociales tandis que la droite éprise de croissance infinie saute de bouleversement en bouleversement car ceux-ci sont toujours générateurs de profit : la magie du « new! »
Comment la gauche peut-elle encore insister pour qualifier la droite néo-libérale de « conservarice alors qu’il n’y a rien qui ruinerait plus ses chantres, grands prêtres et partisans que l’immobilisme. Pour assurer la croissance et gagner toujours plus il faut un « bougisme » incessant et un continuel brassage des structures. Michéa en de nombreux endroits montre bien que la droite est aux antipodes du moindre conservatisme de quoi que ce soit pas même des valeurs patriarcales comme on l’a longtemps cru. Tout y est sacrifié au « Progrès ». Or la gauche croit encore à la magie de ce mot n’y voyant que des valeurs et des mutations d’ordre moral et relationnel.
C’est à la gauche de « conserver » et de se méfier de certaines formes du « Progrès », justement. A elle de défendre ses avancées sociales chèrement acquises et à les conserver envers et contre tous les coups de boutoir qui visent à les effacer. Pour cela il faudrait changer nombre de mentalités et tout particulièrement obtenir que ses communicants professionnels cessent de traiter les valeurs et les acquis des luttes de dangereux « populistes » comme si c’était une injure.
Comment choisir entre ces deux visages du capitalisme
Celui de gauche : politico-culturel, tout de libéralisme tolérant prêt à assimiler délinquence et lutte des classes sous prétexte que la première désorganise la société sans pour autant prouver que c’est au nom de la seconde !
Celui de droite financier et économique
Les deux sont unanimes à nier qu’il puisse y avoir une alternative à leur « néo-libéralisme » et à a croissance…
Les deux sont également unanimes à vouloir « moraliser » le capitalisme qui est (il est facile de le montrer) foncièrement immoral. (Guerre de tous contre tous, compétition sans foi ni loi, soumission de tous pour l’enrichissement démesuré de quelques uns – qui se fait proclamer élite par « acclamation »).
C’est toute cette série de confusions, de contre-sens inexplicables qui a conduit la gauche (et particulièrement celle qui s’est dite, un temps « gauche de gouvernement ») à n’être qu’une autre droite, une gouvernance alternative pour servir le même capitalisme.
Les mutations du « travail »
Il convient de re-présenter la notion de « travail » pour ce qu’elle est : la marchandisation de personnes qui ne sont plus là pour être mais pour « faire » – pour enrichir une élite oisive et spéculatrice.
Parmi les nombreuses mutations du travail il importe de faire le constat du passage de :
« Tous travaillent (et s’épuisent en pure perte) pour le profit de quelques uns »
à ceci :
« Un partie importante de la société considère comme une récompense le fait de ne pas faire partie des « exclus du travail » qui est accompli au profit d’une élite de plus en plus riche et de moins en moins nombreuse ».
L’allocation universelle
Donner à tout être humain le droit non seulement à la survie mais à la vie par le biais de l’alllocation universelle.
De grands et respectables experts qu’en répartissant autrement les richesses elle pourrait non seulement être possible et concerner tout être humain vivant mais même être assez honorable. Ne sont-ce là que des « on-dit » ?
Le torpillage de la notion de service public
Innombrables attaques contre
l’enseignement à tous les niveaux
les statut des fonctionnaires
les retraites
les vrais services (transports, poste, énergie …)
Partout l’Etat vend, liquide ses biens et enrichit ce faisant les « copains » du secteur privé;
Tous les marchés sont pipés (grands travaux et autoroutes)
La publicité quitte le public pour nourrir les chaînes privées des financeurs de campagnes électorales – renvoi d’ascenseur
Le dogmatisme des uns (européens) est mis au service de la cupidité des autres.
Système de santé équitable donc inégalitaire
Comment repenser un système de santé qui ne serait pas faussement égalitaire …
Un système qui ne serait pas fondé sur une égalité inéquitable par ex.
Faut-il rembourser les menus médicaments (de « confort » par ex. aspirine) des milliardaires ?
Commment renoncer à « aider » ceux dont « on » juge qu’ils peuvent s’en sortir seuls. (Avec quels seuils ?)
C’est une question à tiroirs car au-delà de la difficulté citée au paragraphe précédent il y a cet autre aspect : toute politique de santé enrichit le corps médical et pharmaceutique (grands laboratoires industriels surtout).
Comment éviter que de super-profits soient réalisés sur le dos de la détresse et de la souffrance ?Comment ne pas « engraisser » les grands laboratoires avec la détresse humaine – faire la différence entre des gains « raisonnables » et des profits exorbitants resservis aux actionnaires et constituant des parachutes dorés pour les dirigeants ?
Noter en outre que depuis les contrôles un peu plus stricts et les déremboursements combinés aux médicaments « génériques » nombre d’officine de pharmacie sont en faillite.
La fascination et la servilité des intellectuels de tout bord
Les intellectuels, il faut le noter et le regretter, ont tous les moyens de voir, de percevoir, d’analyser, de dénoncer les injustices et l’arrogance ou l’exploitation des puissants … mais leur ego est tellement énorme et en souffrance qu’ils ne peuvent s’empêcher de courtiser servilement les dits puissants et c’est ainsi qu’il se retrouvent sans cesse à leur botte. J-C Michéa fait aussi ce type de remarque de manière incidente dans L’empire du moindre mal .