Il en faut du courage, de la force, de la culture, pour se résigner, que dis-je, se hisser à la hauteur d’abstraction, de perception de la société, qu’exige l’hypocrisie des gens « bien élevés ». Si si, je sais de quoi je parle.
Il fallait pourtant — ce serait très dommageable de l’oublier — plus de courage pour vivre la tête haute un mauvais mariage ou une relation adultérine dans le secret que pour faire un tapage disproportionné autour d’un divorce facile ou d’une aventure capricieuse.
Quand les « grands » cessèrent de l’être vraiment ils se sont lassés d’enseigner cette rigueur, ce courage, cette force d’âme à leurs enfants. Ceux-ci alors, persuadés qu’ils s’acheminaient vers une plus grande authenticité, ont jeté les convenances aux orties et avec elles toute forme de fortitude, d’application, et ont, ce faisant, sapé les bases de « l’édifice moral » qui les faisaient demeurer des exemples pour eux-mêmes et pour les autres.
L’authenticité et la bohème qui en ont découlé se sont révélées n’être que de minces couvertures adoptées pour parer de vertu telle ou telle forme de paresse et d’inconséquence, de semi-puérilité ou une « modeste » et peu responsable démission.
De la belle utopie morale qu’ils incarnaient (avec hypocrisie, certes, car, bien sûr, ils ne parvenaient pas à être ce qu’ils savaient devoir feindre — mais qui était dupe ?) les « grands » sont devenus soudain de mauvais exemples pour tous, avant que de terminer (sous les yeux du « bon peuple » même pas goguenard) comme nous en sommes témoins aujourd’hui, en tant que mauvais sujets.
A moins que … ce ne soit des sujets vraiment déjà bien mauvais qui soient parvenus, de nos jours, à se faire passer pour les « grands » de ce monde.
Doute cruel s’il en est.