Monstre

Quelle horreur ! Je vis avec un personnage de fiction. Moi.

Citations

Une citation est une idée dont on est bien content qu’un autre se soit dévoué pour la formuler avant vous. Ainsi on ne pourra pas vous reprocher de l’avoir eue.
On ne vous demandera pas de la justifier. Tout au plus pourra-t-on vous suggérer de l’illustrer ce qui – convenez-en – dévie le trait de l’adversaire.
Toute citation est bel et bien une sorte de bouclier.
Sans guillemets nulle autorité. Avec, c’est d’emblée et presque sans contestation que l’on se permet d’avoir raison.
La pensée pour tous budgets

Idées … du jour

Les idées sont comme les Å“ufs si elles ne sont pas du jour elle sont difficiles à accomoder… encore que …on puisse les reconditionner.
Ainsi de certaines notes, que l’on a prises, vieilles et bonnes encore, comme en poudre. Il suffit juste de les humecter un peu.
Les fraîches idées du jour peuvent parfaitement en découler et leur devoir beaucoup finalement. Ces vieilles idées ont, malgré leur pulvérulent, au fond d’elles quelque chose de moelleux et riche, comme le désir, elles véhiculent un petit frémissement d’incertitude profondément troublant et voluptueux.
C’est très probablement lié au risque de les perdre en les formulant mieux, risque d’en atténuer l’ampleur digressive dans le moment même de l’extase qui les voit paraître.
Paraître ou ressurgir ? Sait-on ?

Pigeon

— « Pourquoi avez-vous donné un coup de pied dans le pigeon. Il ne vous avait rien fait. »
— « Justement. Il ne m’avait rien fait. Au fond, personne ne fait jamais rien à personne et c’est bien ça qui est insupportable. »

Journaux et débordements

Journal intime, journal de bord, journal de débords… L’anglais diary mène vite du latin dies à diarrhée où l’écriture logorrhée vient finalement, par l’effort qu’elle exige, remettre de l’ordre dans la colique : ainsi, le journal « intime l’ordre », puis enfin, il impose le silence à la tête devenue folle.
Un journal de bord est une chose. Un journal vraiment intime n’est jamais qu’un fiévreux désert.

Intimes

Curieuse cette expression : « Il y a quelque chose entre elle et lui! » alors que justement ce que l’on signale par celle-ci est que parfois il n’y a plus le moindre millimètre de tissu.

Intensité ou durée ? Excès de vie, excès de mort

L’excès de vie (fanatisme, hystérie, engouements et passions) est orienté vers un seul but : la mort. L’excès de mort, goût de la destruction ou de l’auto-destruction (hystérie morbide, culpabilisation, etc.) est entièrement tourné vers la survie, voire même vers un goût immodéré de la vie. Un goût qui, pour autant, n’est pas assumé comme tel. L’excès conduit, c’est bien connu, à son contraire. La mesure conduit à l’accomplissement du même par le même. Ainsi la mesure du monde est-elle celle-ci : un axe continu dont les étapes sont inimportantes qui va de la mesure à la démesure. C’est tout.

Réinventer l’égoïsme

Battre en brèche, il le faut vraiment, les culpabilisations plastronantes et réinventer enfin l’égoïsme, le vrai, l’amour de soi : donc la fierté, la dignité et, partant, la solidité.
Voilà les conditions permettant d’établir, de fonder un point de départ certain, repéré, lisible et repérable de l’extérieur.
Ainsi la personne peut aller et venir. Rencontrer l’autre sans pour autant s’identifier à lui, sans se perdre, s’y abîmer ou craindre de le faire. Enfin sera établi le pouvoir de se rencontrer non par errance, par devoir ou sous la contrainte mais bien par désir ! A partir de soi. Pour cela il faut un « soi ». La chose, curieusement, semble se perdre dans l’étourdissement et la fébrilité : confort conforme.

Soyons sérieux

Laurence Sterne écrit « Le sérieux, c’est un mystérieux comportement du corps qui sert à cacher les défauts de l’esprit »
J’ai dit ailleurs et je maintiens que le sérieux est ce deuil que l’on porte de soi-même de son vivant. Cette tristesse que l’on a de savoir que l’on n’est déjà plus, qu’on s’est immolé, abîmé dans la sottise et le conformisme du tourbillon des hommes.
Quoi de plus figé qu’un homme sérieux ?

Vraiment pas sérieux : Le lièvre et la tortue ou l’illogisme littéraire

Je ne pense pas qu’ils soient bien nombreux ceux qui ont osé commettre le blasphème qui consite à contester le bien fondé des fables de M. de la Fontaine. Plus particulièrement de ce monument d’anthologie qu’est « Le lièvre et la tortue ».
Toute l’histoire nous montre deux êtres qui partent ensemble pour le même concours avec des armes sinon des méthodes et des idéaux différents. L’un prend le plus court chemin et s’y tient. L’autre non. Il folâtre dit-on. Eh bien… tout cela est bel et bon et à trop folâtrer on s’attarde, cela est vrai. Encore eût-il fallu que cela servît la morale de l’histoire. Or que dit le fabuliste en conclusion ? Il dit que le lièvre court pour rattraper le retard pris au départ. Mais le bougre de lièvre, nous a-t-il montré plus tôt est bel et bien « parti à point » – arrivé à point, cela il ne l’est certes pas.
Il fit tant et tant pour tromper l’ennui induit par ce pari stupide qu’il en a perdu de vue le but, soudain devenu futile. Il a par conséquent changé de fidélité. Quel est son tort ? D’avoir changé de fidélité ? Certes non. Son grad tort est de s’en être avisé, de se raviser et d’entrer à nouveau en lice.
En aucun cas on ne peut lui faire le grief de n’être pas parti à point.