Croyances et idées religieuses – Eléments de typologie
Se repérer
Quelques repères très grossiers pour se familiariser avec les différentes démarches et l’organisation des sources dans le domaine des mythes, du sacré et des croyances.
Bien évidemment le présent tableau demanderait quelques heures de commentaires et d’explicitations détaillées.
On a recours communément à quatre types de classement.
Quatre types de classement
Par tradition
Comme le fait Puech
- cultures sans tradition écrite
- religions antiques (disparues ou ayant beaucoup évolué)
- universelles avec leurs variantes et déviances
Géographique
Comme Puech et Eliade – selon les espaces et les continents
Historique
Comme Eliade en suivant le cours du temps depuis le paléolithque jusqu’à nos jours
Par « foyers » mentaux de rayonnement
Les « foyers » :
- Foyer autour des traditions non-écrites – souvent chamanique on peut y inclure l’Afrique, l’Océanie, l’Amérique et voire même les Celtes…
- Un foyer moyen-oriental non-monothéïste (Assyriens,Egyptiens, gréco-latins, les avestiques, aryens, védiques, brahmano-bouddhique, hindouiste…
- plus des pseudo-philosophies quasiment non-religieuses comme le confucianisme et le taoïsme)
- Un foyer monothéiste
Par foyers : exemple de classement
Préhistoire
Paléolithique – Néolithique – Afrique – Océanie
Civilisations mégalithiques
Le Moyen Orient
Mésopotamie et Assyrie Sumer
L’Egypte
L’Inde védique et post védique
Bouddhisme et Brahmanisme – Jaïnisme
L’extrême Orient
Yoga – Scythes – Hindouïsme – Tao – Shinto – Confucianisme
Europe
Europe des Baltes – Slaves – Celtes
Europe des Germains et Scandinaves
Le chamanisme
Cercle ouralo-altaïque et arctique
Eurasie centrale et orientale
Amériques
Mythologies gréco-latines
Grecs – Latins – les Mystères…
Monothéisme judéo-christiano-islamique…
et leurs déviances, hérésies et contre-courants divers
Le « traitement thématique » selon Mircea Eliade
Eliade a écrit deux sortes d’ouvrages :
- ceux qui traitent des croyances et des faits religieux selon les cultures, les lieux et les moments de l’histoire
- ceux qui font la synthèse des constantes ou des grands symboles (ou archétypes) qui traversent le temps et l’espace géographique.
Regroupement sous : Traité d’histoire des religions et Images et symboles
Aspects théoriques
Structure et morphologie du sacré
Fonction des mythes
Structure du symbole
Hiérophanie-Kratophanie
Tabou et mana
Fonction du symbole comme instrument de connaissance
Le symbole et la psychanalyse
Les archétypes (pérennité des images)
Les disciplines connexes : esthétique, philosophie, anthropologie, histoire …
Grands thèmes, archétypes, mythes et symboles transversaux
Ciel : Le ciel et les dieux ouraniens
Soleil : Le culte solaire
Lune :La mystique lunaire
Eau :La mystique aquatique
Pierre :Les pierres sacrées
Terre : La Terre, la fécondité, la feme
Temps : Les saisons, le renouvellement
Végétaux :Les plantes, végétation et culture
Les centres et espaces sacrés (temples, palais, centres du monde)
Le temps sacré : l’éternel retour, les quatre âges ou « yuga », l’éternité indienne
Les dieux lieurs et les noeuds
La coquille, coquillage, symbolique vulvaire et fécondité
Le symbolisme et l’histoire : le temps chrétien
Absents ici : le feu et les états mésomorphes.
Les catégories de Puech
Remarques de Puech sur l’ Histoire des religions
Histoire des religions TIII pp 1277 sqq
Les grandes étapes de la discipline à travers les siècles :
la critique religieuse antique
Le rationalisme et l’histoire
La découverte des primitifs au XIX°
Comparatisme et structures
Psychologie et histoire des religions
L’anthropologie religieuse
1° partie du XX° : essor de la phénoménologie
2° partie du XX° : structuralisme et psychanalyse
Ce qui le conduit à conclure que pour comprendre un peu l’essence et la nature d’un sacré/vécu par l’homme il faut s’intéresser à plusieurs niveaux :
- historique et social
- structures profondes de la pensée et du langage
- l’inconscient humain
Les religions antiques
Moyen-Orient Orient
Védiques
Eurasiatiques
Slaves, baltes, scandinaves et germains
Egypte
Gréco-latines
Les religions universelles
Religions constituées et leurs contre-courants
hindouïsme – jaïnisme – bouddhisme – taoïsme
judaïsme – christianisme – islam
gnose – ésotérisme – spriritisme – théosophie – théurgie -franc-maçonnerie – rose-croix …
Peuples sans tradition écrite
Préhistoire
Afrique
Océanie
Amériques
Peuples altaïques
Sibérie
Peuples arctiques
Constat
L’Occident n’a développé – tout comme l’extrême-Orient aucune religion qui lui soit propre … sauf à considérer comme religions les deux athéïsmes militants que sont le confucéïsme et le marxisme.
Pour l’Eurasie l’espace religieux se situe entre ces deux extrémités géographiques.
Le vocabulaire des institutions indo-européennes
Emile Benveniste, Vocabulaire des institutions indo-européennes, 2 volumes, Minuit, Paris, 1969.
Dans le tome I :
Economie
Bétail et richesse – Mâle et reproduction
Donner et prendre – échange – hospitalité – fidélité personnelle
L’achat – commerce
Obligations économiques – créance et croyance – prix et salaire – prête et dette – gratuité et reconnaissance
Parenté
Paternité
Filiation matrilinéaire
Exogamie
Mariage
Statuts sociaux
Fonctions triparties
Cercles d’appartenance sociale
Esclave et étranger
Cités et communautés
Dans le tome II :
La royauté
Le droit
Le sacré
La religion
La libation
Le sacrifice
Le vœu
La prière
Signes et présage
Religion et superstition
Langues rencontrées :
Langues indo-européennnes :
hittite
lycien
lydien
indien
iranien avestique (vieux perse – moyen iranien – iranien moderne)
tokharien
arménien
thrace
phrygien
grec
illyrien
albanais
italique (latin – ombrien – volsque – asque – venète – langues romanes modernes)
celtique (gaulois – irlandais – gaellique – gallois/breton)
baltique (vieux prusiien – lette – lituanien)
germanique (gotique – nordique – vieux norois – vieil islandais – vieux et moyen haut allemand – allemand moderne – frison – anglais : vieux, moyen et moderne)
slave (slave méridional – vieux slave – slave occidental (tchèque et polonais) – russe)
Langues non i-e :
chinois
étrusque
finno-ougrien (finnois – zyriène – mordve etc.)
___________________________________________________________
Aspects méthodologiques pour la découverte des « mythes d’hier »
L’étude des mythes se situe dans la perspective de l’Histoire des idées.
Dans celle des systèmes esthétiques …
Donc dans une histoire des valeurs et des croyances.
« … ne pas perdre de vue l’unité profonde et indivisible de l’histoire de l’esprit humain. » Eliade.
Noter que cette opinion sur l’unicité de la conscience humaine est relativement récente.
L’homme est toujours dans la même quête :
cherchant la réconciliation du beau, du divin et du moral.
Puech évoque les relations entre :
le divin et le moral
l’arbitraire et la règle.
Les dieux s’arrogeant l’arbitraire.
Rappel :
Le religieux est liaison par étymologie.
Les différentes etymologies latines :
Religare = lier ou unir
Ou bien
Relegere = rassembler (des idées des faits) = réfléchir ou se souvenir
M.Eliade souligne qu’être homme c’est être religieux… que l’on en soit conscient ou non.
Il ajoute à cet égard que pour supporter la souffrance et les malheurs de l’histoire
l’homme se tourne vers des resourcements cycliques, des rituels de renaissance et/ou de purification.
(Reprendre la différence – vue au premier semestre – entre pensée cyclique et pensée linéaire.
Se souvenir que chant, danse et dessin sont tous d’origine religieuse ou ont tout au moins un rapport au sacré (Eliade), au numineux (Otto)
Ils demeurent explicitement religieux en de nombreux endroits de la planète
et même là où le sacré, le rituel se parent de cautions très profanes en apparence.
Quelques remarques à propos des labyrinthes (Santarcangelli)
de la hache à deux lames ou Labbris
du jeu de la marelle (de sa proximité avec des aspects similaires du chamanisme)
de la cohorte ou farandole, ou ronde
etc.
La religion comme système
Pour DURKHEIM et DUMEZIL société et religion sont un même système.
Un système code l’autre.
Pour LEVI-STRAUSS par contre il y a transposition du système social
dans une perspective paradoxale :
pour lui les deux systèmes sont autonomes.
La religion est synchronique en tant que vécu.
Mais son histoire, son analyse diachronique contient infiniment plus que ce qu’elle est « maintenant ».
Toutes les lectures, toutes les hérésies d’une religion sont synchroniquement présentes dans son système.
Même si elles ne se manifestent que de manière étalée dans la diachronie.
Cette remarque vaut bien entendu pour tout système.
Même pour la science
et ce système qui a pour mission scientifique de penser les systèmes
et qui s’appelle « l’analyse systémique ».
La grande question : D’où peut-on étudier l’histoire des religions ?
Cf Charles PUECH Histoire des religions t3 p1277 :
Sachant que la raison en fait aussitôt (avec mépris ou condescendance parfois) l’histoire des errances ou des erreurs de l’humanité.
Est-ce que l’objectivité consiste à donner la priorité à la raison contre toutes les autres démarches ou à considérer la raison comme une des démarches possibles… pour l’étude des croyances, du sacré, du religieux.
dans cet espace, dans ce cours, il n’est pas question d’accomplir une histoire des religionsbien évidemment : tel n’est pas le propos.
Mais nous signalerons voire utiliserons, Ã l’occasion, en tant que de besoin, les travaux de celle-ci.
(Nous ne travaillerons pas bien sûr sur des « sources primaires » )
Les sciences connexes à la sémiologie qui sera ici notre point de vue principal sont:
Anthropologie, ethnologie, histoire, histoire des religions, philosophie, sociologie et psychologie.
La méthode
Si l’exhaustivité était visée, une étude qui s’étalerait sur un temps très long permettrait d’étudier :
- Les grands axes et constantes des religions et croyances : « La conscience de cette unité de l’histoire spirituelle de l’humanité est une découverte récente, encore insuffisamment assimilée » Eliade HCIR t1 p10
- Une typologie des divinités
- Une typologie des pratiques
- Une typologie des archétypes et des mythes
- Une géographie et une histoire pour une énumération-catalogue des religions (par ailleurs très bien faite par divers auteurs qui ont accompli des sommes colossales en la matière).
Plus empiriquement,
diverses démarches combinables entre elles sont envisageables :
- Choisir quelques grands mythes fondamentaux en voir les avatars récents ou contemporains et observer les nouveaux mythes qui surgissent sous nos yeux.
- Faire un inventaire (rapide) des aspects du sacré dans les cultures connues
- Mettre ensuite cette érudition au service d’une meilleure compréhension que nous désirons avoir du monde contemporain.
Dans celle des systèmes esthétiques …
Donc dans une histoire des valeurs et des croyances.
« … ne pas perdre de vue l’unité profonde et indivisible de l’histoire de l’esprit humain. » Eliade.
Noter que cette opinion sur l’unicité de la conscience humaine est relativement récente.
L’homme est toujours dans la même quête :
cherchant la réconciliation du beau, du divin et du moral.
Puech évoque les relations entre :
le divin et le moral
l’arbitraire et la règle.
Les dieux s’arrogeant l’arbitraire.
Rappel :
Le religieux est liaison par étymologie.
Les différentes etymologies latines :
Religare = lier ou unir
Ou bien
Relegere = rassembler (des idées des faits) = réfléchir ou se souvenir
M.Eliade souligne qu’être homme c’est être religieux… que l’on en soit conscient ou non.
Il ajoute à cet égard que pour supporter la souffrance et les malheurs de l’histoire
l’homme se tourne vers des resourcements cycliques, des rituels de renaissance et/ou de purification.
(Reprendre la différence – vue au premier semestre – entre pensée cyclique et pensée linéaire.
Se souvenir que chant, danse et dessin sont tous d’origine religieuse ou ont tout au moins un rapport au sacré (Eliade), au numineux (Otto)
Ils demeurent explicitement religieux en de nombreux endroits de la planète
et même là où le sacré, le rituel se parent de cautions très profanes en apparence.
Quelques remarques à propos des labyrinthes (Santarcangelli)
de la hache à deux lames ou Labbris
du jeu de la marelle (de sa proximité avec des aspects similaires du chamanisme)
de la cohorte ou farandole, ou ronde
etc.
La religion comme système
Pour DURKHEIM et DUMEZIL société et religion sont un même système.
Un système code l’autre.
Pour LEVI-STRAUSS par contre il y a transposition du système social
dans une perspective paradoxale :
pour lui les deux systèmes sont autonomes.
La religion est synchronique en tant que vécu.
Mais son histoire, son analyse diachronique contient infiniment plus que ce qu’elle est « maintenant ».
Toutes les lectures, toutes les hérésies d’une religion sont synchroniquement présentes dans son système.
Même si elles ne se manifestent que de manière étalée dans la diachronie.
Cette remarque vaut bien entendu pour tout système.
Même pour la science
et ce système qui a pour mission scientifique de penser les systèmes
et qui s’appelle « l’analyse systémique ».
La grande question : D’où peut-on étudier l’histoire des religions ?
Cf Charles PUECH Histoire des religions t3 p1277 :
Sachant que la raison en fait aussitôt (avec mépris ou condescendance parfois) l’histoire des errances ou des erreurs de l’humanité.
Est-ce que l’objectivité consiste à donner la priorité à la raison contre toutes les autres démarches ou à considérer la raison comme une des démarches possibles… pour l’étude des croyances, du sacré, du religieux.
dans cet espace, dans ce cours, il n’est pas question d’accomplir une histoire des religionsbien évidemment : tel n’est pas le propos.
Mais nous signalerons voire utiliserons, Ã l’occasion, en tant que de besoin, les travaux de celle-ci.
(Nous ne travaillerons pas bien sûr sur des « sources primaires » )
Les sciences connexes à la sémiologie qui sera ici notre point de vue principal sont:
Anthropologie, ethnologie, histoire, histoire des religions, philosophie, sociologie et psychologie.
La méthode
Si l’exhaustivité était visée, une étude qui s’étalerait sur un temps très long permettrait d’étudier :
- Les grands axes et constantes des religions et croyances : « La conscience de cette unité de l’histoire spirituelle de l’humanité est une découverte récente, encore insuffisamment assimilée » Eliade HCIR t1 p10
- Une typologie des divinités
- Une typologie des pratiques
- Une typologie des archétypes et des mythes
- Une géographie et une histoire pour une énumération-catalogue des religions (par ailleurs très bien faite par divers auteurs qui ont accompli des sommes colossales en la matière).
Plus empiriquement,
diverses démarches combinables entre elles sont envisageables :
- Choisir quelques grands mythes fondamentaux en voir les avatars récents ou contemporains et observer les nouveaux mythes qui surgissent sous nos yeux.
- Faire un inventaire (rapide) des aspects du sacré dans les cultures connues
- Mettre ensuite cette érudition au service d’une meilleure compréhension que nous désirons avoir du monde contemporain.