A violence, violence et demie …
Le scandale que l’on se complaît à dépeindre en termes de violence physique (proscription des châtiments corporels et passages à tabac) est le visage flatteur d’une cruauté infiniment plus grande. Il légitime, quoi qu’on dise, pense, profère, affiche et spectacularise, toutes les formes de persécutions morales, mentales, psychologiques imaginables… Pourvu que ça ne laisse pas de traces visibles. Combien de temps a-t-il fallu pour que la loi du silence fasse place à des « aveux » ou des dépôts de plaintes contre cette mafia de britanniques pédophiles!
Au-delà du silence imposé par l’autorité qui couvre dans le temps et la peur la violence – vive souvent – par abus de pouvoir … il y a toutes ces tortures psychologiques – violence lente – tellement subtiles qu’on n’a qu’à peine conscience que ce sont des tortures tant elles sont diluées dans le temps : c’est bien plus souvent sur le terrain de la vie intime ou sur celui de ce que l’on n’ose à peine nommer « l’intimité du travail » qu’elles s’éploient – humiliations (légères bien sûr mais répétées), intimidations (suggérées et à peine formulées), persécutions (douces, naturellement, et qui alternent avec de fausses récompenses), sollicitude (obséquieuse, étouffante, profondément malveillante dans son exquise « bienveillance ») …
Un cran de plus dans l’abjection et ça s’appellerait « la civilisation » : ce tissu de conventions polies entre les humains qui cautionnent toutes les formes de mutilation du psychisme.
L’homme progresse à pas de géant dans la matière des torts qu’il sait désormais causer à ses semblables.
Que de temps il a fallu pour passer de l’interdiction des violences physiques à la criminalisation des tortures psychologiques (par les entreprises, les conjoints, les parents …) ? Des dizaines de siècles pour que cela entre dans l’ordre du juridique …
et ce n’est toujours pas entré de manière effective dans les moeurs.