En cette époque où l’on commence à peine à s’agacer des tics de langage et expressions à la mode qui se substituent de manière radicale à toute forme de pensée (Lire Matthieu Carlier, « 10 expressions vraiment insupportables », Le Huffington Post, 12 mai 2013) il en demeure une qui échappe la tête haute à cette soudaine prise de conscience de la sottise ou de l’hypocrisie dont ces expressions procèdent : c’est « conflit d’intérêts ». L’actualité s’est certes prêtée à son emploi ces derniers temps.
On déplore çà et là que M. ou Mme Un(e)tel(lle) désigné(e) par les autorités (souvent les plus hautes) se soit retrouvé ainsi à la fois juge et partie dans des instances de conseil ou d’évaluation mais aussi hélas en position de décider ou d’arbitrer alors qu’il ou elle a un pied dans les deux camps.
On voit bientôt les bons apôtres des médias pleurnicher et regretter cette très malencontreuse nomination qui inflige à la sainte victime une situation intenable de « conflit d’intérêts » !
Ben voyons !
Quand, pour avoir pu en être le témoin jour après jour, année après année, on connaît l’énergie dépensée, les magouilles et combines savamment mises au point, les grenouillages ourdis par la pauvre victime en question pour enfin atteindre ce statut où il lui est plus que facile de faire basculer tous les enjeux, toutes les contraintes et réglementations en sa faveur (ou celle de son entreprise, laboratoire, trust, multinationale) pour son profit personnel ou celui de ses copains … on est abasourdi d’entendre proférer cet hypocrite euphémisme.
Le ridicule des Précieuses n’a pas quitté la scène, et il ne tue toujours pas, simplement on est peut-être passé des « commodités de la conversation » à celles de la malversation …c’est un progrès certes. Mais c’est toujours une histoire de fauteuils !
Il n’y a pas de conflits d’intérêts qui tienne il n’y a que des combines, d’âpres rivalités entre intrigants et gens de cour pour atteindre des postes de responsabilité ou des positions d’influence. Positions qui garantissent des réussites et des revenus personnels conséquents. C’est tout, absolument tout.