Représentations d’une idéologie contradictoire
Michelle VAN WEEREN
Face à l’état alarmant de la planète et aux inégalités sociales toujours croissantes, les sociétés européennes semblent avoir trouvé la réponse adaptée. Concept très en vogue sur le continent européen, le développement durable s’impose aujourd’hui aux pouvoirs publics et privés comme un outil opérationnel censé donner les lignes directrices qui permettraient de trouver un nouveau modèle de gestion plus respectueux de l’environnement et de l’humain. Malgré l’unanimité apparente avec laquelle toutes les parties concernées semblent avoir adopté cette nouvelle idéologie, il s’avère qu’il existe des différences dans l’interprétation et la mise en pratique du « développement durable ».
Ces différences semblent en partie être dues à la confusion générale qui règne autour de ce concept parfois perçu comme contradictoire. Confusion qui laisse naturellement une marge de manœuvre et une liberté d’interprétation considérable à ces nouveaux acteurs de la durabilité. Mais, un développement véritablement durable ne nécessiterait-il pas une révolution collective de nos mentalités, révolution qui sera avant tout profondément culturelle ?
L’identité est toujours affaire de représentations. L’identité européenne, si tant est qu’une telle chose existe, ne fait pas exception. Ainsi l’Europe en sa diversité est un lieu d’éternel changement, un lieu au dynamisme acharné qui se démarque des cultures « statiques » et devient cet Occident qui s’étend désormais hors d’Europe :
Occident à la « haute technicité » mais …qui n’est que l’autre nom d’une « science sans conscience… » (« …n’est que ruine de l’âme. » – Rabelais). L’Europe peut-elle encore lui redonner une âme, à cet Occident technicien ?
… de quoi l’Europe est-elle le NON ? « Rapprocher les institutions européennes des citoyens » et offrir à ceux-ci « un meilleur contrôle démocratique » telle était l’ambition de la Déclaration de Laeken (décembre 2001) qui traçait la voie que devrait suivre la Convention pilotée par M. Giscard d’Estaing.
Comment résonnent ces mots aujourd’hui que l’on vu avec quel dépit, quelle morgue parfois, quelle colère souvent, les élites gouvernantes ont accueilli le vote désobéissant des Hollandais, des Français et plus récemment des Irlandais (coupables en plus de n’avoir pas salué le léger façonnage du texte effectué à Lisbonne).
Il n’y a pas d’hypothèse de succès pour l’Europe aujourd’hui. Aucun vote n’y a plus le moindre sens. L’insulte parlementaire à la française piétinant le choix de 55% des électeurs n’y a rien changé.