« Pondération » : quand on voit la notion mathématico-statistique pointer son nez dans un argumentaire tout est dit. Rien n’y sera fiable. Trucage ici, petit ajustement là , lissage de courbe, enfin, pour faire beau …
En clair : rien ne sera mis au service de la recherche de la « vérité ». Tout sera mis au service de la force de conviction (un peu à la méditerranéenne) . Le rhéteur doit convaincre, persuader, faire partager son opinion – quitte à feindre le débat – par toutes les ficelles que l’industrie du discours procure à l’érudit de ces arsenaux. Foin de l’authenticité, du vrai, du juste. La vérité, si jamais elle survient, ne sera jamais qu’un additif (élégant), qui vient en sus, qui sur-vient, dans le processus mis en oeuvre afin de convaincre et d’emporter la conviction…
Ainsi va également la « démocratie »… et la communication (la « comm »), la pub, la séduction, la drague, le commerce… Mentir avec talent consiste à bien dissimuler que l’on ment. Le meilleur moyen d’y parvenir n’est-il pas de se la cacher à soi-même ? Parvenir à croire (à se faire croire) que l’on n’est pas en train de mentir doit, dans notre culture, toujours emporter la conviction de l’interlocuteur.
Qu’importe finalement la vérité ? Tout étant relatif, tout se vend, tout se vante ! Tout fait « ventre ». Tout fait fric.
Le global et … le banal
Enjeu : faire surgir à la conscience que le banal, ou ce qui est réputé tel, ne l’est pas et qu’il faut le goûter.
Que de délices dans la régularité au sein d’un cosmos chaotique ! Quel prodige que deux jours puissent se suivre et que des motifs se laissent identifier, [...]
Qu’est donc la « normalité » devenue ? Le tout-spectacle et la compétition, ces formes parmi les plus abstraites du pouvoir se sont soumis toutes les volontés ou presque. La rivalité et l’arrogance se sont institiuées comme normes exclusives de toute autre. Tout ainsi se vaut et se veut d’exception. L’agressivité du commerce, du charme ou du pouvoir est la seule vertu (re-)connue. La guerre de tous contre tous sera-t-elle évitée ? A qui profite-t-elle ?
Si nos ancêtres ont cru en des vérités qui se sont, à terme, révélées de beaux actes de foi, autrement dit des « mythes » (certitudes « provisoires »), qu’en est-il de nous ? Que faire de ces certitudes en lambeaux qu’ils nous ont léguées ? Et cependant quoi de plus riche que l’imaginaire ? Enfin, surtout : comment nous y prenons-nous pour engendrer à notre tour les belles et odieuses vérités que nous imposerons à nos semblables ?
L’écriture en colonnes étroites ainsi que la pratiquent les journaux et certains magazines n’est pas innocente : elle correspond à une restriction du champ visuel, de la mobilité latérale des yeux, elle ne laisse que la verticalité, la mobilité dans le plan vertical.
A panorama restreint, pensée et perspectives retreintes. A pensée verticalisante, attitude de réception [...]