Dans le temps, il fallait au moins un Pape pour bricoler le temps des hommes ! (*)
Aujourd’hui un diktat de quelques « experts » européens auto-proclamés suffit.
On dénonce ces « manipulations dont souffrent les prisonniers qui sont scandaleuses » : la modification des rapports au temps et le changement des repères chronologiques en décalant l’horloge interne d’un individu le préparent à … la culpabilisation qui donne pleine justification aux bourreaux qui vous torturent et obtiennent ainsi de tout détenu … une reconnaissance « spontanée » de l’erreur dans laquelle ils étaient etc. Ben voyons !
A propos, et si on reparlait de l’heure d’été. A quoi est-elle supposée nous préparer ?
Le pouvoir, la politique et le monde de l’art ont tout au long de l’histoire connu de nombreuses convergences à défaut d’une longue histoire d’amour. Ce n’est que récemment (fin du XXème siècle) que la confusion organisée de main de maître est parvenue à gommer les frontières non seulement entre les avenues et les goûts du pouvoir mais aussi entre l’art et ce qui n’en est pas – ce dans quoi il faut inscrire la « marchandise ».
Comment miser ? Présent ou patrimoine ? C’est tout un programme de travail qui semble s’imposer à notre génération quand on constate l’opposition des deux clans qui s’affrontent tant dans la presse spécialisée que dans les couloirs des ministères : les adorateurs du patrimoine (sur l’air de « ah c’était le bon temps mais tout fout le camp ») et les adulateurs d’un présent hyper-post-moderniste porteur des lendemains qui chantent (sur l’air de « miroir mon beau miroir, nous n’avons jamais été aussi beaux et intelligents »).
On sait ce que l’on peut faire dire au passé. On l’a vu être mis au service d’innombrables enjeux contemporains, des plus futiles ou frivoles aux plus sérieux ou rentables, des plus innocents aux plus machiavéliques (manipulations identitaires, tribales, claniques, indépendantistes, universalistes, populistes… ). L’industrie des legs du passé ou celle de son dénigrement est vite devenue une nouvelle filière économique. Une chose est sûre, cependant, elle n’aura jamais les moyens de l’innocence dont elle entend se parer.
Si nos ancêtres ont cru en des vérités qui se sont, à terme, révélées de beaux actes de foi, autrement dit des « mythes » (certitudes « provisoires »), qu’en est-il de nous ? Que faire de ces certitudes en lambeaux qu’ils nous ont léguées ? Et cependant quoi de plus riche que l’imaginaire ? Enfin, surtout : comment nous y prenons-nous pour engendrer à notre tour les belles et odieuses vérités que nous imposerons à nos semblables ?
Expression : Pérenne.
Observer, dans cet âge à l’hallucinante fugacité, où les choses réputées solides et durables s’envolent comme fétus, délaissées par la frivolité des contemporains, l’usage qui est fait de ce vocable jadis si lourd de sens qu’il en était effrayant : « pérenne ».
« Pérennité » nous écrasait du haut de son angoissante éternité. Aujourd’hui on [...]