Violence vive – violence lente

Le scandale que l’on se complaît à dépeindre en termes de violence physique (proscription des châtiments corporels et passages à tabac) est le visage flatteur d’une cruauté infiniment plus grande. Il légitime, quoi qu’on dise, pense, profère, affiche et spectacularise, toutes les formes de persécutions morales, mentales, psychologiques imaginables… Pourvu que ça ne laisse pas de traces visibles.

Au-delà du silence imposé par l’autorité qui couvre dans le temps et la peur la violence – vive souvent – par abus de pouvoir … il y a toutes ces tortures psychologiques – violence lente – tellement subtiles qu’on n’a qu’à peine conscience que ce sont des tortures tant elles sont diluées dans le temps : c’est bien plus souvent sur le terrain de la vie intime ou sur celui de ce que l’on n’ose à peine nommer « l’intimité du travail » qu’elles s’éploient.

Que de temps il a fallu pour passer de l’interdiction des violences physiques à la criminalisation des tortures psychologiques (par les entreprises, les conjoints, les parents …) ? Des dizaines de siècles pour que cela entre dans l’ordre du juridique …
et ce n’est toujours pas entré de manière effective dans les moeurs.

« Ne travaillez jamais ! »

« Ne travaillez jamais ! » écrivait (sur le mur) Guy Debord. Il faut faire sa fête au travail ! Relisons les travaux du groupe Krisis : Manifeste contre le travail, ou encore Louis Marion : Critique du capitalisme et de l’aliénation du travail, entre autres textes proposés sur la même thématique par Palim Psao.
Recroisons le chemin de Moishe Postone et son « Le travail n’est pas à libérer il est à abolir »
Un premier ébranlement du sacro-saint mythe du travail peut être utilement apporté par le spectacle très juste bien qu’américano-comique de Nigel Marsh dans le cadre des conférences deTED :« La plupart des gens travaillent longtemps et durement dans des emplois qu’ils détestent et qui leur permettent d’acheter des choses dont ils n’ont pas besoin et qui servent à impressionner des gens qu’ils n’aiment pas. »*
On lira enfin, autre éclairage, mêmes conclusions : Le Travail, non merci ! par Camille Dorival, préface de Bernard Gazier, éditions Alternatives économiques.

Travail

Travail trouve son origine dans le latin trepalium qui était un outil de torture … la chose n’appelle guère d’autre commentaire que « tu gagneras ton pain à la sueur de ton front « . De cette incontournable torture répondant à la contrainte « naturelle » du « bosse ou crève », l’humain est passé, poussé par le goût du profit (que font ses employeurs) puis par peur de l’ennui d’être face à face avec soi-même à l’adoration de la torture qu’il subit et, partant, des tortionnaires qui la lui infligent. Véritable victime du syndrome de Stockholm, l’humain en est venu à pervertir son instinct de conservation au point de diviniser son épuisement et l’exploitation de sa propre et périssable personne.

Le dérangement des mentalités

Notre contexte historique est très particulier : il est issu de la vaste confusion née aux XIX° et XX° et au sein de laquelle nous nous croyons contraints de vivre, résignés que nous sommes. Nous devons assumer le passé et le dérangement profond des mentalités aux XIX° et XX° siècles. Mentalités qui ne se re-rangent ni ne se réarrangent pas depuis… Ainsi la déroute nous invite à nous doter d’un « nouveau paradigme »… mais nul ne sait lequel. Voyons pourquoi.

Des mentalités dérangées

La découverte des strates enfouies de la personnalité, de l’inconscient, ont privé la personne individuelle de sa pleine et totale responsabilité. Là où il avait été commode au fil des siècles de voir la main du Malin, il convenait désormais de voir la personne mais pas forcément la partie émergée de celle-ci… dérangeant non?

La France malade de ses bourgeois.

La Révolution française a, par la Terreur, freiné la marche vers la démocratie. Connu, mais il faut cependant toujours s’en expliquer :
La machine de la démocratisation inspirée des lumières, admirée par Louis XVI (ce que l’on s’efforce d’oublier), mise au monde et au moins partiellement accomplie par les Américains dès 1787, effrayait hors de toute [...]

Le « Peuple » … vous avez dit le peuple ?

Le peuple est un peu trop souvent postulé comme une sorte de « paysage » au sein duquel « on » parviendrait à se mouvoir…
Et ce n’est pas là qu’une pose, un maniérisme, un trait d’aristocratisme, de dandysme, d’élitisme. Est-ce tout ça ensemble ? Pourquoi pas ?
Comment savoir ?
Par contre, en creux on sait que cette posture n’est pas [...]

Liberté ou solitude ?

Ce qui distingue le « néo- » libéralisme du capitalisme « ordinaire » : le mépris affiché de la personne humaine.

Voiture, moi et non-moi

La petite voiture est une peau. La grande voiture est un lieu privé. La petite voiture est une clôture utérine, infantile, ou familière. La petite voiture est, en fait, de l’ordre du même, du moi-même et épouse vos contours.La grosse, je devrais dire la « grande » voiture, celle qui est dite « bourgeoise » ou « arrivé ». est plus objectale et moins viscérale, donc plus étrange à mon corps.

Les dominé(e)s

Le jardinier du château est secrètement amoureux de la comtesse, il est maladroit, pataud, un peu bête en sa présence. Elle l’ignore parfois le malmène, après tout, ce n’est que l’employé du domaine. Les jours où elle est particulièrement désagréable avec lui, notre pauvre jardinier rentre chez lui et bat sa femme qui lui a [...]

Cherchez la femme

Féminisme et domination : qui parle et d’où ?
La 61ème plus grande fortune de France explique dans son dernier ouvrage (*) les nouvelles formes d’aliénation de la femme: tyrannie de la maternité pour se sentir femme, de l’allaitement, du naturalisme ambiant, de la femme parfaite. Acclamations des médias. Applaudissements fournis des bourgeois. La femme ordinaire [...]

Hommes battus : un tabou

Voici un tabou : tant pis pour les mauviettes.
Certains tabous dérangent nettement plus que d’autres. Oh la jolie campagne que nous avons eue il y a quelques semaines  contre les violences conjugales !
Une femme (fort heureusement ce fut une femme) en a pointé vigoureusement la « faiblesse » (et c’est un euphémisme) sur le site du journal [...]

« Vivre exactement »

Etablir l’excès comme norme permet l’exercice doublement plaisant de la privation et du sacrifice. Bonne hypocrisie qui permet de jouir de deux choses à la fois.

Lutte des classes ? Allons donc.

L’humain lambda plus ou moins lumpen, quoi qu’on dise ou souhaite, n’ambitionne pas de s’acheter un yacht ou un château, ni même une grosse voiture. Il ne veut que plus d’argent pour jouer au loto ou miser plus gros au tiercé.
Quant à acquérir, il ne rêve que de ce qu’on lui montre partout comme devant [...]