Nous sommes entrés dans l’ère de la confusion. Entendons-nous bien : confusion n’est pas désordre, bien au contraire la confusion est ordre. Et quel ordre, inflexible, invisible, innommable, irrepérable (du moins vise-t-il à l’être). Jamais identifiable, toujours ailleurs et partout insaisissable. Sauf par inadvertance. Alors soyons inadvertants et sachons simuler l’indifférence, ou mieux l’acceptation de ses stratagèmes pour la voir en action et la surprendre en flagrant délit.
Laetitia SILVENT
Prisé et source de grandes polémiques, le concept de ville créative connait un succès retentissant. Les métropoles sont en quête de nouveaux modèles urbains capables de répondre à leurs attentes afin de faire face à une concurrence accrue qui les pousse à faire preuve de créativité. Pour attirer les fonds et gagner ou conserver une certaine notoriété, les métropoles se tournent vers les prédicateurs de cette doctrine de ville créative pour renouveler les tissus économiques et urbains. Il est ici question de mesurer l’instrumentalisation qui est faite de la culture. Que signifie le terme « créatif » pour ces prédicateurs ? Est-il question de culture ?
Que peut bien encore signifier la mer pour nos yeux « modernes » ? Cette mer sillonnée de navires de plus en plus gros, efficaces et rentables ou de plus en plus spectaculaires, à bord desquels le navigateur n’est solitaire que pour mieux multiplier le nombre de ses adorateurs et augmenter le spectacle. Sous le vernis, exorbitant, de la mer spectacle les valeurs puissantes dont l’humanité, de tout temps, a su nourrir son imaginaire sont-elles parvenues à demeurer ?
L’eau, dans son extension terrestre, est, sous nos yeux, la perfection même en matière d’ambivalence. Terre et eau, en un dialogue constant, nous offrent l’horizontalité des surfaces. Mer et ciel nous offrent la verticalité des mouvances que nous interdit la terre. La terre nous offre le repli intime du creux mérité, fouillé, excavé de la maison dure et douce, ni sèche ni moite, où fines gouttelettes, l’eau sait se faire petite, comme le vent sait se faire souffle léger, haleine pour la vie. De trois des « quatre éléments » naît la complétude. Le feu n’en est pas. Elémentaire : le feu, en fait, quoi qu’on dise, n’est pas un élément, c’est un état. A eux trois ils assurent la clôture bienheureuse d’une béance qui menace toujours l’heureuse intimité. . .
Aujourd’hui, demain d’hier, est arrivé.
L’heure est donc venue de se poser la question : comment voulez-vous qu’ils chantent ces lendemains alors qu’aujourd’hui leur a volé la musique ?
Après nous le déluge ? … Ou bien un peu avant ?
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L’identité est toujours affaire de représentations. L’identité européenne, si tant est qu’une telle chose existe, ne fait pas exception. Ainsi l’Europe en sa diversité est un lieu d’éternel changement, un lieu au dynamisme acharné qui se démarque des cultures « statiques » et devient cet Occident qui s’étend désormais hors d’Europe :
Occident à la « haute technicité » mais …qui n’est que l’autre nom d’une « science sans conscience… » (« …n’est que ruine de l’âme. » – Rabelais). L’Europe peut-elle encore lui redonner une âme, à cet Occident technicien ?
Aux belles heures de cet « octobre rose » de 2011 pourquoi n’a-t-on jamais évoqué l’ablation définitive de la mythologique « croissance » infinie ?
Il y a les gens qui ont pris le parti de l’excès et ceux qui ont pris le parti de la modération (épicuriens dit-on). Les premiers s’usent au labeur et qu’ils soient fort payés ou mal payés s’en trouvent somme toute, agréablement mécontents. Ils récriminent car aucune satisfaction ne leur semble valoir leur effort : [...]