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Dans Les Evangiles un dangereux (?) révolutionnaire (?) nommé « Jésus » (comme tant d’autres d’ailleurs à l’époque) narre cette histoire (Les ouvriers de la onzième heure) à propos d’un cultivateur qui donna aux ouvriers venus terminer l’ouvrage de la journée (ce qui devait sans doute l’arranger vu le retard pris par les autres ) la même somme d’argent qu’à ceux qui avaient travaillé dans son domaine depuis le matin. La morale à en tirer était à l’évidence que le mérite n’est pas tout, que ce n’est pas la seule mesure de la valeur entre les humains. Il est une autre valeur : le seul fait d’être humain.
Ce qui impliquerait qu’il existerait une énorme différence entre égalité, égalité de droits, équité, justesse, justice … et que le « mérite » n’est pas (ne doit jamais être) la seule et unique mesure des valeurs entre les humains.
Pourquoi, invoquant ce sacro-saint concept de « mérite », vouer l’allocation universelle aux gémonies et ne pas s’insurger contre les ahurissantes disproportions de revenus entre ceux qui s’usent jusqu’au sang et ceux qui s’enrichissent à les regarder faire. De quel mérite parle-t-on ? Où est l’injustice, l’inéquité, l’inégalité ? Le véhément rejet de l’allocation universelle (si timidement proposée par M.Hamon) est très symptomatique de cette fièrotte culture poujadiste de l’aigreur et de la jalousie. Vive la France !
Michelle van WEEREN
Les techniques ne sont donc pas neutres. Sont-elles alors des entités autonomes disposant d’une conscience propre, qu’il faut craindre et contrôler ? La technophilie et la technophobie relèvent du même paradigme moderne. Les dualismes simplistes (faits/valeurs, objets/sujets, hommes/machines, nature/culture, etc.) sur lesquels la modernité a construit son discours donnent un cadre théorique aussi bien à l’idée de techniques comme objets neutres qu’à l’affirmation d’objets techniques comme entités dangereuses.
Mais il existe une autre attitude vis-à -vis des machines, elle consiste à les considérer comme des hybrides : des entités qui sont le résultat des choix politiques mais également porteuses d’une logique propre, capables d’influencer les réseaux sociotechniques dont elles font partie.
Aujourd’hui,on peut souhaiter qu’un découplage entre le profit financier et le progrès technique dans un système post-capitaliste aide à favoriser la prise de recul face aux innovations techniques et contribue ainsi à les remettre au service de la création du monde commun.
Le rapport de l’homme aux techniques – aliénation et réappropriation Le blog, Le mythe, Les analyses
Michelle van WEEREN
L’histoire des Luddites est souvent citée comme une anecdote qui illustre l’irrationalité de ceux qui craignent les changements induits par le progrès. Car ces machines n’étaient-elles pas juste de simples outils, facilitant le quotidien des travailleurs ? La réponse n’est pas si simple. On ne peut pas penser l’Homme sans les outils techniques avec lesquels il s’entoure et qui lui servent à améliorer sa productivité et son confort. Or, la relation que l’Homme nourrit vis-à -vis de ces outils est ambivalente. Il ne s’agit pas, comme les technophiles aiment à le penser, d’un rapport fructueux qui contribue de manière linéaire au perfectionnement de la condition humaine. Il s’agit au contraire d’une relation caractérisée par des ruptures et des turbulences, où l’Homme s’est parfois retrouvé dans une situation désagréable, voire dans une position subordonnée par rapport à l’outil censé lui faciliter la vie.
A qui profite la guerre ? Comment une guerre peut-elle donc être qualifiée de « SAINTE » (croisades ou autres diverses djihad de toutes les couleurs) ?
Qu’est-ce qui peut s’autoproclamer « saint » en ce bas monde? Tout croyant un tantinet cohérent, sain d’esprit donc modeste, voire humble ne peut prétendre se gratifier lui-même ou ce qu’il engendre de « saint » !
Michelle van WEEREN
Les Européens commencent, dès le XVIIème siècle, à effectuer des opérations relevant d’un nouvel état d’esprit : gagner du temps, rétrécir l’espace, accroître l’énergie, multiplier les biens, s’affranchir des normes naturelles, dominer et manipuler les organismes vivants. Le progrès technique est indispensable au progrès humain, la technique va résoudre tous nos problèmes, et tout ce qui peut être inventé, doit être inventé. Tel est le dogme.
Mais … de nos jours, dans l’économie capitaliste, le progrès technique est intrinsèquement lié au profit financier et à la croissance économique. Pour tirer nos économies européennes de la récession et du chômage, les pouvoirs publics comptent sur les capacités d’innovation de leurs industries. C’est pourquoi ils sont peu enclins à freiner les dynamiques de recherche et développement. Ainsi les entreprises innovantes, soumises aux pressions concurrentielles de la destruction créatrice, cherchent à accélérer les cycles de remplacement des produits techniques ainsi que les processus d’innovation, y compris pour des technologies risquées ou aux effets incertains.
L’innovation technique, dans sa forme accélérée, peu réfléchie et contrôlée par une poignée de personnes non-représentatives de l’ensemble de la population, est-elle vraiment la manière la plus sensée de donner forme à notre économie, de satisfaire nos consommateurs et de déterminer le comportement de nos entreprises ?
Paraît, sous la plume de Nicolas STENGER chargé d’enseignement à l’Université de Genève, une étude déterminante sur la personnalité de Denis de Rougemont : Denis de Rougemont – Les intellectuels et l’Europe au XXe siècle
Rougemont, type ou prototype de l’intellectuel engagé, et ce dans un monde et en un temps où « penser l’Europe » tenait [...]
Nous sommes entrés dans l’ère de la confusion.
Entendons-nous bien : confusion n’est pas désordre, bien au contraire la confusion est ordre. Et quel ordre, inflexible, invisible, innommable, irrepérable (du moins vise-t-il à l’être).
Jamais identifiable, toujours ailleurs et partout insaisissable. Sauf par inadvertance. Alors soyons inadvertants et sachons simuler l’indifférence, ou mieux l’acceptation de ses stratagèmes pour la voir en action et la surprendre en flagrant délit.
Tout ce qui, un temps, a pu paraître net, intolérablement précis et contraignant même parfois, paraît, dit-on aujourd’hui comme « brouillé ».
Pourtant on n’a jamais tant parlé, tant expliqué, tant communiqué à propos de tout, partout. C’est vrai.
C’est précisément là un des aspects de la confusion car, à force de tout embrasser systématiquement, tout finit par se valoir.
Au moins en termes d’intensité d’intérêt médiatique.
Mais l’intérêt médiatique ne se substitue-t-il pas à la valeur intrinsèque des objets ou des faits qui nous entourent ?
Depuis six mille ans la guerre | Plait aux peuples querelleurs[...]
Et cela pour des altesses | Qui, vous à peine enterrés, | Se feront des politesses | Pendant que vous pourrirez[...]
(Victor Hugo, Depuis six mille ans la guerre )
Pour un 11 novembre
Blasphème bien utile en ces temps de « célébration et de mémoire des victimes » victimes de QUI ? Blasphème utile en ces temps de nationalismes et communautarismes exacerbés : pleurons les victimes de la haine ou du mépris que ces tyrans sanguinaires qui étaient au pouvoir et déclaraient les guerres encore et encore éprouvaient pour leurs propres « peuples »!
Mais le lugubre contre-sens que commet Victor Hugo ( … la guerre | Plait aux peuples querelleurs …) tient au fait que ce ne sont jamais les peuples qui sont belliqueux mais les richissimes puissants qui s’emploient à les fanatiser à leur profit (dérisoires mais abondants biens matériels ou minable gloriole de monarque).
Si avant toute déclaration de guerre les peuples unis entre eux avaient éliminé leurs chefs ( « chef de guerre » – dux bellorum bien nommé) les peuples auraient pu continuer de vaquer en paix sans être pris entre le devoir de tuer le soi-disant adversaire et le devoir de se faire tuer par le peleton d’exécution de sa propre « nation » comme traître ou déserteur… voire pire … comme dangereux pacifiste!
Il est bien plaisant de constater que l’on fait usage de détecteurs de pollution (gaz et particules spécifiques) pour identifier dans le cosmos celles des exoplanètes qui seraient porteuses d’êtres « intelligents ».
Paradoxal non ? Et assez contradictoire avec les belles et édifiantes leçons dont on nous abreuve jour après jour nous invitant à consommer avec intelligence, à utiliser l’énergie avec intelligence … ce qui sous entend que nous sommes peu intelligents ! Certes.
De là à postuler que les extra-terrestres « intelligents » produiront assez de polluants pour être détectés à l’autre bout du cosmos …
Si ils polluent c’est qu’ils ne sont que très très moyennement intelligents – de simples esprits techniques et inventifs en somme.
Allez on se regroupe! La très sale besogne de Pécresse est accomplie par Fioraso : les universités sont entassées en grand pôles, ça coince déjà , ça se terminera mal. Maintenant, regrouper cantons, régions, communes : haro aux 36 681 communes et sus aux 27 régions … Qui pour défendre une administration et une économie à échelle humaine, ajustée aux spécificités et aux diversités? Qui pour comprendre qu’économiser en ces domaines c’est détruire pour renforcer le pouvoir et la richesse de quelques-uns? L’Empire libéral européen contre-attaque !!!
Dans le temps, il fallait au moins un Pape pour bricoler le temps des hommes ! (*)
Aujourd’hui un diktat de quelques « experts » européens auto-proclamés suffit.
On dénonce ces « manipulations dont souffrent les prisonniers qui sont scandaleuses » : la modification des rapports au temps et le changement des repères chronologiques en décalant l’horloge interne d’un individu le préparent à … la culpabilisation qui donne pleine justification aux bourreaux qui vous torturent et obtiennent ainsi de tout détenu … une reconnaissance « spontanée » de l’erreur dans laquelle ils étaient etc. Ben voyons !
A propos, et si on reparlait de l’heure d’été. A quoi est-elle supposée nous préparer ?
Le summum du ridicule est en passe d’être atteint par la bonne conscience de l’autophobie écoloïde et néo-sécuritaire :
On pose des ralentisseurs – résultat : on réaccélère après avoir rétrogradé donc on consomme nettement plus.
On abaisse les limitations de 9O à 80 ou de 80 à 70 ou de 50 à 30 – résulat : on rétrograde, nombre de voitures ne peuvent conserver le même rapport donc on adopte un nombre de tours moteur plus élevé et l’on consomme plus, là encore … et ainsi de suite.
Et, bien évidemment qui dit sur consommation dit sur pollution
Confusion et paradoxe ? Greenpeace souligne les « failles de sécurité » dans la protection des sites. Les autorités en charge des centrales nucléaires remercieront Greenpeace d’avoir oeuvré gratuitement pour étayer le dossier d’un reforcement des moyens alloués à la protection des périmètres. On n’imaginait pas l’organisation militante verte faire un tel cadeau à son ennemi, ou supposé tel !
Le système en est arrivé à mieux connaître l’individu moyen que celui-ci ne se connaît lui-même. Cela signifie que dans la majorité des cas, le système détient un plus grand contrôle et un plus grand pouvoir sur les individus que les individus eux-mêmes.
Et revoilà insidieusement (ou pas), un plaidoyer pour la fracturation hydraulique ! Un de plus après ceux de Mesdames Rachida Dati et Maude Fontenoy … sous la plume de Pascal Brückner que l’on a vu mieux inspiré. Comment peut-on oser enfourcher un tel cheval après la diffusion par Arte de Gasland (2011-2012) Il est assez stupéfiant de voir un « philosophe », un « intellectuel » souhaiter aux Français les maladies, pollutions, dévastations que connaissent tant de comtés voire des Etats entiers aux Etats-Unis.
Recourir en outre, pour satisfaire aux diktats d’un lobby pétro-financier (qui doit présenter de nombreux atouts et moyens de séduction il faut croire !) au subterfuge, au stratagème de la culpabilisation-imprécation jetée à la figure d’un peuple – les Français en l’occurrence – qui est qualifié du quolibet de peureux, frileux … est de la dernière bassesse et procède de ces amalgames faciles et intellectuellement malhonnêtes qui jadis firent tant horreur à l’essayiste en question.
Décidément, il serait bien tentant de pratiquer le même type d’amalgame en étendant la consternation que nous procure la lecture de ce type d’articles au support médiatique qui l’héberge… mais nous nous en abstiendrons bien évidemment!
Rien n’a changé ! Le Monde nous apprenait (le 21 décembre 2011), que la SNCF allait verser 230 millions de dividende à l’Etat et que les universités, celles qui ont été bien converties au capital et à la rentabilité (73 sur 83 et l’on doit dire :
« responsabilités et compétences élargies » (RCE) dans le jargon pécressifiant hélas toujours d’actualité en 2014), ont dégagé un « excédent » de 120 millions d’Euros.
Si un service dit « public » engrange des bénéfices d’une telle ampleur sans les réinvestir dans son équipement ou les redistribuer dans les salaires ou par une baisse des tarifs c’est que ni ceux-ci ni les services proposés ne sont destinés au public mais n’intéressent (et c’est bien le mot!) que l’amont d’une hiérarchie (Etat ou actionnaires) que le pouvoir a déclaré primordial d’enrichir.
La notion de SERVICE PUBLIC est bel et bien morte : nous sommes tous des … Européens.
Valérian GUILLIER
Le dogme de la sécurité est le prétexte de dérives grandissantes. Nous entrons en effet dans une période connectée ou celui qui est innocent doit le prouver. Il est nécessaire de justifier la déconnexion, le refus d’être joignable constamment et à vie. Il s’agit de pouvoir affirmer sans cesse qu’on n’a « rien à cacher ». La vie privée est donc interdite. Les comportements « suspects » c’est à dire incohérents – ou encore humains – sont détectés par les machines et donnent parfois lieu à des privations de liberté. L’humain confie le contrôle à la machine et annihile l’irrégularité, le hasard, l’improvisation, car ceux-ci sont sources de soupçon. Les lois de tous les pays (en France : LOPPSI, DADVSI, HADOPI ou la récente loi de programmation militaire pour n’en citer que quelques unes) et les accords internationnaux tendent à remettre en cause la présomption d’innocence et le pouvoir central de la justice comme régulateur des sociétés.
[ . . . ]
La réintégration du vocable et des pratiques résistantes dans un dialecte et des pratiques « autorisées » est en cours. L’ouverture des données, l’éducation populaire et la culture sont les outils de la résistance dont le coût rend possible, voire probable la compromission. Si le doute n’existe que parce que les populations l’acceptent et le perpétuent, c’est probablement un point commun avec les sociétés du contrôle et souverainistes, qui n’ont pas accouché de sociétés meilleures, malgré l’identification de leurs limites et les réactions qu’elles ont suscité.
Représentations d’une idéologie contradictoire
Michelle VAN WEEREN
Face à l’état alarmant de la planète et aux inégalités sociales toujours croissantes, les sociétés européennes semblent avoir trouvé la réponse adaptée. Concept très en vogue sur le continent européen, le développement durable s’impose aujourd’hui aux pouvoirs publics et privés comme un outil opérationnel censé donner les lignes directrices qui permettraient de trouver un nouveau modèle de gestion plus respectueux de l’environnement et de l’humain. Malgré l’unanimité apparente avec laquelle toutes les parties concernées semblent avoir adopté cette nouvelle idéologie, il s’avère qu’il existe des différences dans l’interprétation et la mise en pratique du « développement durable ».
Ces différences semblent en partie être dues à la confusion générale qui règne autour de ce concept parfois perçu comme contradictoire. Confusion qui laisse naturellement une marge de manœuvre et une liberté d’interprétation considérable à ces nouveaux acteurs de la durabilité. Mais, un développement véritablement durable ne nécessiterait-il pas une révolution collective de nos mentalités, révolution qui sera avant tout profondément culturelle ?
Appliquer une loi existante exige une volonté et une détermination politique courageuse, aux antipodes de la tapageuse démagogie. En France plutôt que d’appliquer la loi qui permet de faire la chasse aux proxénètes et aux mauvais traitements infligés aux femmes, on fait une nouvelle loi. Sera-t-elle appliquée ? Peu probable si l’on se fie au spectacle du passé récent.
Il semblerait que loin de l’élégante solution germanique – Eros-Centers homologués – le puritanisme scandinave séduise la bien-pensance française … tout comme lors de la prohibition états-unienne dont on s’ingénie à oublier les effets notoires et dévastateurs : la prolifération et le renforcement des mafias.
Mais…au fait … Horrible doute ! ne seraient-ce pas celles-ci qui seraient embusquées derrière ce puritain tapage anti prostituées ? Elles ont tout à y gagner, tout comme les « bootleggers ». La bêtise moralisatrice autosatisfaite a bien souvent fait le lit des crapules.
Comme si c’était la faute au chômage, à l’enseignement scolaire, à la TV ou à je ne sais qui. Et l’on glose et l’on invente des solutions et des potions …
Alors que la cause est tout simplement ailleurs : ce qui distingue l’humain de la bête féroce dont il descend est la culture policée qu’il reçoit dès son plus jeune âge de la part de sa famille immédiate.
Mais, à vrai dire, est-elle, cette « nature » sauvage, si différente de l’agressivité commerciale qui ressemble trait pour trait à celle de la horde, la bande, dans laquelle des jeunes gens s’intègrent souvent pour combler le vide affectif et pédagogique laissé par la famille ?
La cause des désordres est bien plus à chercher dans la nature profonde de la bête humaine que dans l’origine géographique des malheureux locataires des très inconfortables immeubles des banlieues.
La petite bête (même humaine), sans éducation, si elle n’est pas formée dès son plus jeune âge demeurera bête de jungle, égoïste, farouche, sans idéal car incapable de dépasser l’immédiat, jamais invitée à dépasser le stade de la pulsion ou du « besoin » dans ce qu’il a d’impérieux et de sauvage, comment pourrait-il en imaginer la maîtrise ou le contournement ?
« Le vieux ! » – Bof c’est un bouc émissaire comme une autre. Tant qu’on n’appelle pas un chat un chat ça baigne. Le vieux coûte cher il conduit mal etc … Allons ! Secouons tous en coeur le cocotier !
Il est bien difficile de faire passer certaines statistiques bien vérifiées : le vieux génère moins d’accidents que le jeune, toutes les assurances le savent. Mais non c’est comme avec les 4×4 ; on n’oublie jamais de signaler que c’en est un ; mais par contre pour les coupés ou cabriolets surmotorisés ou autres véhicules de « jeunes fous » aucune mention n’en est jamais faite, comme de l’âge ou du sexe de jeunes fauteurs d’accidents. Pourtant, ce n’est pas l’âge qui est accidentogène ! NON ! C’est l’incivisme global – cet incivisme rendu hautement positif – l’incivisme (vieux et jeunes confondus) qui ne fait que traduire sur la route sous forme d’agressivité ce qui est par ailleurs dans tous les autres secteurs de l’activité, de la vie culturelle et des moeurs commerciales LA VERTU cardinale de notre univers mental.
Compétition, « guerre de tous contre tous » (comme dit J-C Michéa), agressivité totale devenue la vertu cardinale de nos univers mentaux : entreprise, politique, sport-spectacle (si lucratif !), concours, scolarité, et en toute logique, chez les frimeurs de la route qui se comportent là comme ailleurs selon la même et universelle mentalité débile de la compétition.
En cette époque où l’on commence à peine à s’agacer des tics de langage et expressions à la mode qui se substituent de manière radicale à toute forme de pensée (Lire Matthieu Carlier, « 10 expressions vraiment insupportables », Le Huffington Post, 12 mai 2013) il en demeure une qui échappe la tête haute à cette soudaine prise de conscience de la sottise ou de l’hypocrisie dont ces expressions procèdent : c’est « conflit d’intérêts ». L’actualité s’est certes prêtée à son emploi ces derniers temps.
On voit bientôt les bons apôtres des médias pleurnicher et regretter cette très malencontreuse nomination qui inflige à la sainte victime une situation intenable de « conflit d’intérêts » !
Ben voyons !
Quand, pour avoir pu en être le témoin jour après jour, année après année, on connaît l’énergie dépensée, les magouilles et combines savamment mises au point [ . . . ] on est abasourdi d’entendre proférer cet hypocrite euphémisme.
Il n’y a pas de conflits d’intérêts qui tienne il n’y a que des combines, d’âpres rivalités entre intrigants et gens de cour pour atteindre des postes de responsabilité ou des positions d’influence. Positions qui garantissent des réussites et des revenus personnels conséquents. C’est tout, absolument tout.
Nous sommes entrés dans l’ère de la confusion. Entendons-nous bien : confusion n’est pas désordre, bien au contraire la confusion est ordre. Et quel ordre, inflexible, invisible, innommable, irrepérable (du moins vise-t-il à l’être). Jamais identifiable, toujours ailleurs et partout insaisissable. Sauf par inadvertance. Alors soyons inadvertants et sachons simuler l’indifférence, ou mieux l’acceptation de ses stratagèmes pour la voir en action et la surprendre en flagrant délit.
Ce qui est dérangeant dans les « affaires » politico-financières de ce début 2013 c’est qu’elles se jouent sur une toile de fond de « vide parfait », elles s’inscrivent dans un contexte dépourvu de toute forme d’idéologie autre que celle de la jungle capitaliste. Le pain des uns est offert en « jeux » aux autres. Le peuple, lui, sur les gradins est sottement figé de stupeur… puis se détendant, devient narquois et admire les nouveaux gladiateurs … en train de s’étriper ? Même pas !
Premier malaise : on sert « à l’opinion » (traduisez : le peuple) de la distraction éthique et de la rigueur purificatrice pour cacher la misère et divertir ; pour dissimuler surtout la continuité, sous un président paradoxalement « de gauche » et qui ne jure que par la sainte « croissance », de l’inexorable dévastation capitalistique et de la guerre de tous contre tous qui l’accompagne.
Second malaise : si « purge » il y a, celle-ci donne une lugubre impression de réglement de comptes, genre nettoyage interne dont sont si friandes les républiques démocratiquement totalitaires. Mais cette fausse lessive offerte en spectacle ne parvient pas à détourner (encore heureux) le regard d’un peuple que l’on broie jour après jour un peu plus.
Comment réagira-t-il aux prochaines échéances ? Tout est à craindre.
Patrimoine, musées, problématiques identitaires et culturelles en Europe
REPRÉSENTATIONS DU PASSÉ
_____________________IDENTITE ET IMAGES DU PASSE
Renaud ZUPPINGER
Le passé : présentations et représentations
Bernard PINIAU
Le dialogue des cultures :la double position d’André Malraux
Johanna O’BYRNE
L’identité culturelle dans l’histoire de l’Europe
Violaine RIPOLL
Identités régionales en Europe
Anne-Kim LÊ TRI
Le concept de patrimoine européen : méthodes et principes de validation
_____________________LE MUSEE
Annette GEIGER
Faut-il définir le musée d’après son objet d’exposition ou sa manière d’exposer ?
Jean-Marc BEDECARRAX
Les modes de présentation en muséologie
Maria-Anne PRIVAT
Muséographie et interprétation de l’Å“uvre d’art
_____________________LE MUSEE OUVERT
Pierre MAYOL
La consommation des Français et leur vie culturelle : 1944-1955
_____________________LIEUX DE CULTURE : L’OPERA
Daniela DÃœCKER
L’architecture contemporaine d’opéra
Pierre MAYOL
La consommation des Français et leur vie culturelle 1944-1955
A la mémoire de Jean-Claude Klein.
Ce texte est la version remaniée et complétée d’un article paru dans Paris 1944-1954, publié par Autrement, série Mémoires N°38, mai 1995. Jean-Claude Klein, à qui je rends hommage – l’un des deux pilotes de ce volume collectif -, est décédé [...]
Denis de Rougemont et Jean-Paul Sartre : deux conceptions de l’engagement intellectuel Systèmes culturels et esthétiques
Denis de Rougemont, fondateur en 1950 à Genève du Centre européen de la culture, a tenté de construire une Europe de la coopération culturelle.
L’exploitation d’archives inédites retrouvées dans cinq États est à l’origine de cet ouvrage qui analyse le cheminement militant et intellectuel, après la seconde guerre mondiale, de cet homme engagé. Désireux d’une union fédérale européenne, mais critique des réalisations des artisans officiels de la construction européenne, Denis de Rougemont apparaît à travers ce portrait comme une figure intellectuelle et politique marquante du XXe siècle.
Daniela DÃœCKER
Lieux de culture : l’opéra
L’exemple de l’Opéra « Bastille » à Paris
Au cours de nos discussions précédentes, nous avons beaucoup parlé des musées en tant qu’institutions culturelles par excellence, entre autres des détails architecturaux de leur construction et surtout de l’aménagement des salles d’exposition. Je n’ajouterai rien de plus. Pourtant le sujet de ma thèse n’est [...]
Maria-Anne PRIVAT
Muséographie et interprétation de l’Å“uvre d’art : les principales composantes de la muséographie.
Applications et organisations muséographiques dans quatre musées européens :
Paris : le Louvre
Londres : la National Gallery
Florence : les [...]
Annette GEIGER
Faut-il définir le musée d’après son objet d’exposition ou sa manière d’exposer ?
(La fonction du discours sur le statut scientifique de la muséologie 1960 – 1990)
« La muséologie n’existe pas, mais elle a une histoire » – ce constat paradoxal a été formulé par Martin Schärer lors d’un colloque sur les musées et [...]
Jean-Marc BEDECARRAX
Influence des modes de présentation en muséographie sur les formes de la modernité artistique.
La question de l’inventio en art est de celles qui, depuis toujours, fascine et intrigue. Comment naît l’idée artistique ? Peut-on décrire une hypothétique alchimie de l’inspiration ?
Une phénoménologie de l’acte créateur est-elle possible ? À cette catégorie de questions, la [...]
Anne-Kim LÊ TRI
Le concept de patrimoine européen : méthodes et principes de validation
Les questions que je propose d’aborder touchent de près deux grands thèmes retenus par notre groupe de recherche. A savoir :
1) La nouvelle identité européenne et les discours sur l’Europe.
- Le rôle du patrimoine culturel dans le dispositif identitaire : recherche [...]
Identités régionales en Europe :
Références au passé pour une identité nouvelle
Représentations du passé
Violaine RIPOLL
Les motivations de la Ligue du Nord pour se séparer du sud de l’Italie, le refus des électeurs du Brandebourg de voir leur région se rattacher à la région de Berlin, l’impossibilité pour le nouveau gouvernement espagnol de gouverner sans l’appui des Catalans, sont autant d’exemples politiques récents de la portée du fait régional. [...]
Il s’agit d’indiquer ici quelques axes que l’on aimerait voir marquer les réflexions qui seront menées autour de cette vaste problématique du sens qu’aujourd’hui on veut donner au passé.
Le passé semble aller de soi. Pourtant, s’il est une notion dont l’impact, le poids, la teneur, la valeur et la signification sociale, philosophique, mythologique et religieuse [...]
Johanna O’BYRNE
S’interroger sur l’existence d’une identité culturelle européenne suppose un travail de recherche historique antérieur, pour se demander si cette identité a marqué les peuples réunis géographiquement sur le continent européen.
Une continuité logique
De fait, l’histoire de l’Europe est marquée par une sorte de continuité logique pour les européens que nous sommes. Nous avons étudié, au [...]
Bernard PINIAU
Le dialogue des cultures et la double position d’André Malraux
Samedi 23 novembre 1996. Place du Panthéon. Tandis que se déroule l’hommage visuel et sonore réglé par Jean-Paul Chambas et que le cercueil, contenant la dépouille d’André Malraux, remonte la rue Soufflot, le Président de la République s’apprête à prendre la parole.
Cet hommage, je [...]
La croissance est une religion … ou une absurdité sur fond de panète épuisée, exsangue.
Coment peut-on encore oser « attendre son retour » ?
Comme le Progrès la croissance est une doctrine et un dogme. Utopies qui furent dynamiques donc purs et fieffés mensonges. Doutons !
Si seulement on savait ce qui est supposé croître : l’injustice qui enrichit les riches qui font croire aux pauvres qu’ils plument qu’il vont mieux répartir et redistribuer leurs richesses ?
L’homme, certes, a progressé en savoirs et en techniques. Sa technologie est redoutable et ses armes, à efficacité égale, sont des millions de fois moins coûteuses qu’au Moyen Age. Sans doute a-t-il parallèlement appris à soigner. Un vaste débat sur la déontologie et la bioéthique pourrait se greffer ici même.
Charlotte BOHL
Le festival »Passages »: coopération transfrontalière Nancy-Luxembourg
Passages et Luxembourg capitale de la culture 2007
Le festival Passages : l’exemple d’une coopération transfrontalière Nancy-Luxembourg, dans le cadre de Luxembourg, Capitale européenne de la Culture 2007
Créé il y a douze ans au sein du Centre dramatique national (CDN) de Lorraine à Nancy, « Passages » est un [...]
Delian SIMEONOV
Les expositions des Centres culturels de l’Union européenne à Sofia
Les centres culturels de L’UE Ã Sofia
Thèmes, sujets et mise en perspective de l’activité d’échanges culturels
avec un pays candidat à l’UE.
Nous allons tenter de signaler très rapidement des pistes pour comprendre et analyser les activités liées aux expositions [...]
Alexandra ELIZAROVA
Le processus de Bologne en Russie
et son impact sur le système de l’enseignement des beaux-arts
La Russie a signé en 2003 la déclaration de Bologne, projetant d’ici 2010 un espace européen de l’enseignement supérieur unifié. Jusqu’à la chute de l’URSS, fin 1991, les études étaient définies par les besoins de la société. Le système était [...]
Marie-Paule SAKI
LIRE L’ARTICLE : Le musée d’art contemporain de Barcelone (MACBA) Lieu de rencontre d’un monde politique et d’un monde artistique, d’une relation privilégiée entre connivence et confrontation.
Julie GONCE
L’expression artistique dans les Balkans ex-yougoslaves, des guerres à une perspective européenne
Aujourd’hui, la dislocation de la Yougoslavie et les guerres qui y ont participé, les résurgences nationalistes, l’action du TPIY, des économies à plusieurs vitesses, font des Balkans une zone à géométrie variable, dans laquelle les liens sont étiolés voire rompus, sans repère, dans [...]
Marion VALENTINE
La chorégraphie in situ, impacts sur le public de l’espace urbain : dispositif relationnel et enjeux de réception
De l’in situ urbain à l’in vivo : espaces et territoires
Dans la continuité d’une recherche engagée l’an passé, portant sur les enjeux artistiques, politiques et sociaux qui soutiennent l’inscription, dans les années 70-80 de la [...]
Pauline GALLINARI
Le Parti communiste français, la culture et le cinéma à l’heure de la guerre froide (1947-1953)
Communisme et cinéma
A la Libération, le PCF a acquis une importance nouvelle dans la vie politique française. Ayant été très actif dans la Résistance, il bénéficie d’une image particulièrement positive. En décidant de participer au gouvernement, le [...]
Charlotte BOHL
Culture, mémoire et identité collective dans l’espace transfrontalier Grande Région
« Le présent est indéfini, le passé n’a de réalité qu’en tant que souvenir présent, le futur n’a de réalité qu’en tant qu’espoir présent. » Jorge Luis Borges, Fictions
L’intégration européenne, née de la volonté d’établir la paix en Europe à entièrement remis en question [...]
Stéphanie TIBY
Quel est notre rapport au passé aujourd’hui? Cette question, somme toute, très simple, est jalonnée d’embûches et de contresens. Parle-t-on ici de mémoire collective, de traditions, de coutumes, d’Histoire? Dans le contexte actuel, chacun appréhende le passé avec sa propre sensibilité et cela, donne lieu à des situations et des approches assez particulières, du [...]
Christine RAMEL
Le piège des mots
Le concept de diversité culturelle : quelques repères sur les mots-clés du débat sur la diversité culturelle Réflexion critique sur les définitions pour dégager le contenu que je veux leur donner. Se situer dans le débat sur la mondialisation et la montée des identités culturelles.
Il s’agit de resituer la diversité culturelle [...]
Jérôme BROGGINI
Problématiques
Mythes et réalités constituent l’idée d’Europe de telle sorte qu’il existe de multiples manières d’envisager une idée de l’Europe ou les idées d’Europe. Dans quelles proportions les mythes et les réalités sont-ils à la base de ce concept pluriel ? Le présent travail n’a pas pour vocation de répondre. À peine celui-ci envisagera-t-il quelques [...]
Astrid ROSTAING
L’irrévérence dans l’art contemporain : un système esthétique ?
Introduction
Selon les cas, l’art contemporain peut susciter passion, perplexité, intérêt, mépris. Depuis le début des années 1990, on assiste à nombre de débats et forums ayant pour thèmes « Où va l’art ? », ou encore « Tout l’art contemporain est-il nul ? ».
Ainsi l’art contemporain est-il en crise. Jamais [...]
Hadopi et la protection … du capitalisme.
Car revoilà , malgré la gauche, l’ Hadopi qui cherche à se recrédibiliser : toujours au prétexte de la protection (sic) des artistes bien entendu.
Aux antipodes de cette fébrile et pathétique lutte acharnée contre les arts et pour les marchands et industriels (et surtout leurs actionnaires), cette superbe phrase de Roland TOPOR* : « Le génie ne se vend pas il se donne. »
Tout est dit.
Comment peut-on oser :
1) vivre de son art ?
2) vivre de l’art et du génie des autres … comme le font les « industriels » et …
tant de fripouilles de la culture ?
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*Roland TOPOR, Mémoires d’un vieux con, Wombat, Paris, 2011.
Une volonté de confusion perfide et agressive Communication, Confusion, Le mythe, Les analyses, Violence
0 – Confusion agressive :
La confusion quand elle n’est pas le fait de l’erreur ou de l’oubli d’un seul être est toujours, et ce, sans équivoque la machination ourdie par une élite pour nuire au plus grand nombre et à son seul profit. Apprenons à en reconnaître les signes.
1 – Idoles, brumes et mythes :
Notre [...]
Une des formes les plus sournoises de la violence consiste à s’ériger en victime afin de culpabiliser quelqu’un pour une « faute » que non seulement il n’a pas encore commise, mais que très vraisemblablement il ne commettra jamais. Quel confort que de se croire – de se prétendre – toujours malheureux, mal aimé, mal compris !
Que de mal on peut faire ainsi au nom de cette « détresse » permanente ? On blesse en toute impunité à tour de bras sans jamais l’ombre d’un scrupule.
N’est-ce pas le statut ordinaire de l’humain (un engramme de son ADN ?) : se poser en victime aujourd’hui pour mieux faire oublier qu’hier encore il était bourreau… espérant peut-être le redevenir demain.
Nos valeurs imaginaires
Idolâtries et mimétismes
Au programme de notre galerie des horreurs : deux catégories de monstres, ceux que l’on idolâtre et ceux que l’on devient par servilité mimétique, par identification niaise ou forcenée à des modèles (…)
Confusion, certitudes éclatées, vérités imaginaires
Nous sommes entrés dans l’ère de …
Le scandale que l’on se complaît à dépeindre en termes de violence physique (proscription des châtiments corporels et passages à tabac) est le visage flatteur d’une cruauté infiniment plus grande. Il légitime, quoi qu’on dise, pense, profère, affiche et spectacularise, toutes les formes de persécutions morales, mentales, psychologiques imaginables… Pourvu que ça ne laisse pas de traces visibles.
Au-delà du silence imposé par l’autorité qui couvre dans le temps et la peur la violence – vive souvent – par abus de pouvoir … il y a toutes ces tortures psychologiques – violence lente – tellement subtiles qu’on n’a qu’à peine conscience que ce sont des tortures tant elles sont diluées dans le temps : c’est bien plus souvent sur le terrain de la vie intime ou sur celui de ce que l’on n’ose à peine nommer « l’intimité du travail » qu’elles s’éploient.
Que de temps il a fallu pour passer de l’interdiction des violences physiques à la criminalisation des tortures psychologiques (par les entreprises, les conjoints, les parents …) ? Des dizaines de siècles pour que cela entre dans l’ordre du juridique …
et ce n’est toujours pas entré de manière effective dans les moeurs.
Valérian GUILLIER
La culture … « à l’appui d’une croissance intelligente, durable et inclusive » (Proposition de règlement pour le programme Culture)
Le titre peut prêter à sourire. Non ? Voire à rire assez franchement. Pour les personnes qui sont le plus au fait des dernières tendances de l’Union Européenne, cela pourrait même faire sens.
Il est admirable de voir ce que l’Union peut produire en matière de mots creux.
Commençons donc par la seconde partie. La croissance est décrite comme intelligente, inclusive et durable. Au delà de la continuation d’une rhétorique linguistique aux métaphores religieuses bien huilées on ne peut s’empêcher de pouffer devant le terme de « croissance intelligente ». Je m’arrête déjà sur le fait que le résultat d’un calcul (différentiel de l’activité économique sur deux périodes) soit qualifié d’intelligent. L’antropomorphisation d’un résultat (ce que l’on met couramment à droite du signe égal) tente d’en faire oublier la bêtise intrinsèque.
La croissance est bête.
Laetitia SILVENT
Prisé et source de grandes polémiques, le concept de ville créative connait un succès retentissant. Les métropoles sont en quête de nouveaux modèles urbains capables de répondre à leurs attentes afin de faire face à une concurrence accrue qui les pousse à faire preuve de créativité. Pour attirer les fonds et gagner ou conserver une certaine notoriété, les métropoles se tournent vers les prédicateurs de cette doctrine de ville créative pour renouveler les tissus économiques et urbains. Il est ici question de mesurer l’instrumentalisation qui est faite de la culture. Que signifie le terme « créatif » pour ces prédicateurs ? Est-il question de culture ?
Que peut bien encore signifier la mer pour nos yeux « modernes » ? Cette mer sillonnée de navires de plus en plus gros, efficaces et rentables ou de plus en plus spectaculaires, à bord desquels le navigateur n’est solitaire que pour mieux multiplier le nombre de ses adorateurs et augmenter le spectacle. Sous le vernis, exorbitant, de la mer spectacle les valeurs puissantes dont l’humanité, de tout temps, a su nourrir son imaginaire sont-elles parvenues à demeurer ?
L’eau, dans son extension terrestre, est, sous nos yeux, la perfection même en matière d’ambivalence. Terre et eau, en un dialogue constant, nous offrent l’horizontalité des surfaces. Mer et ciel nous offrent la verticalité des mouvances que nous interdit la terre. La terre nous offre le repli intime du creux mérité, fouillé, excavé de la maison dure et douce, ni sèche ni moite, où fines gouttelettes, l’eau sait se faire petite, comme le vent sait se faire souffle léger, haleine pour la vie. De trois des « quatre éléments » naît la complétude. Le feu n’en est pas. Elémentaire : le feu, en fait, quoi qu’on dise, n’est pas un élément, c’est un état. A eux trois ils assurent la clôture bienheureuse d’une béance qui menace toujours l’heureuse intimité. . .
Même ceux qui s’opposent au capitalisme et les indispensables instances de spectacularisation qui lui servent de cohorte, d’assise, sont condamnés à recourir à la « comm », la sacro-sainte communication-médiatisation et au statut de star ou « stardom » pour parvenir à se faire entendre.
Les exemples sont abondants : pas de révolte, de révolution, de dénonciation politique sans spectacle et retentissement organisé ; que l’on s’appelle Negri, Cohn-Bendit ou Assange on est condamné à retentir. Toutefois force est de constater qu’il en est qui sont parvenus à demeurer efficaces sans sombrer dans la pipolisation ou le star system : les Anonymous, par exemple, ou ceux dont la police (en accumulant les gaffes) à assuré elle-même, excellemment, la « promotion » et au nombre desquels on peut citer le prétendu « groupe de Tarnac ».
Tous les autres émetteurs de contestation sont relégués au fin fond du web et étouffés par le bruit des myriades de forums et blogs … d’autres encore sont comme paralysés par le paradoxe insoluble : pour exister à la conscience de l’autre, et dénoncer la tyrannie du spectacle aliénant qui fait de vous une marchandise, il faut retentir et postuler pour un écho médiatique… (La suite)
Certes, les élections, en démocratie, sont à intervalles réguliers. Cela procède du plus élémentaire respect de la légalité.
Mais qu’en est-il de la « légitimité » ? Elle ne comporte pas de date de péremption. La pastille ne vire pas de couleur quand le produit est en passe d’être non consommable. Un représentant à la légitimité avariée continue bel et bien d’exercer son mandat … et peut entraîner de sérieuses complications ou intoxications !
Et pourtant qui ne connaît de ces « représentants » du peuple, de ces élus qui, trahissant leurs électeurs et leurs engagements, se pavannent avec morgue le soir même dans une légitimité déjà avariée.
« Pondération » : quand on voit la notion mathématico-statistique pointer son nez dans un argumentaire tout est dit. Rien n’y sera fiable. Trucage ici, petit ajustement là , lissage de courbe, enfin, pour faire beau …
En clair : rien ne sera mis au service de la recherche de la « vérité ». Tout sera mis au service de la force de conviction (un peu à la méditerranéenne) . Le rhéteur doit convaincre, persuader, faire partager son opinion – quitte à feindre le débat – par toutes les ficelles que l’industrie du discours procure à l’érudit de ces arsenaux. Foin de l’authenticité, du vrai, du juste. La vérité, si jamais elle survient, ne sera jamais qu’un additif (élégant), qui vient en sus, qui sur-vient, dans le processus mis en oeuvre afin de convaincre et d’emporter la conviction…
Ainsi va également la « démocratie »… et la communication (la « comm »), la pub, la séduction, la drague, le commerce… Mentir avec talent consiste à bien dissimuler que l’on ment. Le meilleur moyen d’y parvenir n’est-il pas de se la cacher à soi-même ? Parvenir à croire (à se faire croire) que l’on n’est pas en train de mentir doit, dans notre culture, toujours emporter la conviction de l’interlocuteur.
Qu’importe finalement la vérité ? Tout étant relatif, tout se vend, tout se vante ! Tout fait « ventre ». Tout fait fric.